Face aux prévisions très optimistes concernant l’ASP faites par bon nombre de cabinets d’étude, beaucoup de sociétés ont cru trouver là un marché des plus prometteurs. Malheureusement, le nouveau modèle économique visant à louer les applications au lieu de les vendre n’a toujours pas pris, malgré les promesses d’un décollage dès 2001. Les conséquences ne se sont pas fait attendre et nombre de sociétés mal préparées et aux reins peu solides ont quitté la scène avant même de connaître les retombées de leurs investissements. D’autres ont préféré apporter quelques modifications dans leur modèle économique en se tournant notamment vers les services. C’est le choix fait par la société Linux@Business (L@B). Créée en 2000 et se positionnant comme un acteur ASP, la société a dû très vite développer un pôle services afin de survivre. Aujourd’hui, son chiffre d’affaires relatif à l’externalisation d’applications ne représente d’ailleurs que 40 à 45 % du chiffre d’affaires total de la société.
Echec du modèle ASP ? François Villemin, PDG de L@B, refuse de le croire. « L’ASP fait encore peur et on ressent une certaine timidité de la part des clients, mais le marché est là et devient tout doucement porteur », explique-t-il. Encore faut-il savoir s’y prendre, s’empresse-t-il de préciser. « L’ASP ne doit pas venir en avant. Une solution ASP ne doit pas arriver en remplacement d’une solution existante. Le fournisseur ASP doit pouvoir identifier un besoin de l’entreprise non satisfait et trouver la solution, qui passe alors nécessairement par l’externalisation », précise-t-il. En clair, l’ASP n’est plus un argument de vente, le logiciel retrouve dès lors toute sa place. Un raisonnement ô combien évident mais pourtant rarement mis en avant par les acteurs de ce secteur. Pour Patrick Bensabat, fondateur et PDG de Business & Décision, un intégrateur en solutions CRM, l’ASP à l’état brut, quels que soient les domaines, a peu de chance de s’imposer massivement auprès des entreprises. Selon lui, seule la valeur ajoutée peut inciter les entreprises à migrer vers ce modèle. De son côté, François Villemin ne définit plus L@B comme un fournisseur de solutions ASP, mais comme un intégrateur de solutions sur le Web.
Une orientation approuvée par les actionnaires
Si L@B se démarque de ses concurrents en capitalisant sur le système libre Linux pour l’hébergement, la société assure des prestations classiques telles la gestion des ressources humaines, la gestion de la relation client, l’administration… avant de s’engager sur une autre voie et de proposer désormais des solutions d’intégration, d’audit et de conseil.
Une orientation que semblent approuver ses actionnaires historiques Crédit Lyonnais Asset Management, CIC Finance et Innovacom qui viennent d’accorder 8 millions de francs à L@B après avoir déjà investi 17 millions de francs en juillet dernier. On peut être surpris du faible montant, mais François Villemin rappelle que la levée de fonds s’est faite dans un contexte difficile, c’est-à-dire moins avantageux qu’il y a deux ans. Enfin, il estime que la somme devrait lui suffire pour atteindre son seuil de rentabilité, ce qui n’exclut toutefois pas une troisième levée de fonds au moment où le marché de l’ASP devrait enfin décoller.
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