LinuxWorld : un salon Linux de plus en plus professionnel
Le rassemblement annuel des développeurs et utilisateurs du système d’exploitation libre Linux vient de se terminer. La huitième édition de Linux World a été l’occasion de voir à quel point l’OS libre était au coeur des préoccupations des grandes sociétés informatiques. Même Microsoft avait son stand… La professionnalisation de Linux a bel et bien commencé.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la huitième édition de Linux World, qui s’est déroulée la semaine dernière à San Francisco, marque bel et bien une nouvelle étape dans le développement du logiciel libre. Il aura donc fallu une dizaine d’années pour que l’OS non propriétaire quitte le domaine réservé de certains bidouilleurs pour se faire une place dans le monde de l’entreprise. Alors que les sociétés sont confrontées à un ralentissement de la croissance, les entreprises – éditeurs et constructeurs confondus – se sont déplacées pour cette édition, confirmant ainsi la perte du caractère communautaire d’un salon tel Linux World. Le véritable succès n’est pas tant dans les 15 millions d’utilisateurs du système libre à travers le monde, selon IDC (24,6 % de parts de marché au niveau mondial), que dans la percée dans le monde de l’entreprise qui lui ouvre dès lors un marché bien plus vaste.
Pour preuve de cette professionnalisation, c’est Scott McNealy, le PDG de Sun, qui a effectué le discours d’ouverture. Et de rappeler au passage la forte implication de Sun dans le logiciel libre. La veille du salon, Sun a par ailleurs lancé son premier serveur multifonction équipé d’un système d’exploitation Linux. Baptisé LX50, le serveur est doté d’un système d’exploitation développé par Sun et dérivé du noyau Linux développé par Red Hat. Il sera commercialisé à la fin du mois d’août au prix de 2 795 dollars. Reste que Scott McNealy est persuadé que Linux n’est pas seulement dédié au marché des serveurs, mais qu’il a sa place dans les postes de travail. L’éditeur pourrait ainsi annoncer le mois prochain, lors de la conférence Sun Networks, une version Sun Linux pour les stations de travail.
Timide présence de Microsoft
Aux côtés de Sun se trouvaient les plus grandes sociétés informatiques comme HP/Compaq, IBM, Dell ou encore Computer Associates. Un nouvel acteur, et non des moindres, s’est joint à cette liste : Microsoft. Contre toute attente, le leader mondial des logiciels avait son propre stand. Une première pour l’éditeur qui n’a eu de cesse de critiquer le système libre. Certes, le stand Microsoft n’était guère en vue et était de petite taille. Toutefois, ce premier pas montre clairement que le premier éditeur mondial porte un autre regard sur le système d’exploitation libre et paraît bien obligé de prendre en compte la pression grandissante qu’exerce son concurrent Linux. D’ailleurs, selon Peter Houston, un haut responsable de Microsoft, l’éditeur souhaite montrer qu’il est prêt à dialoguer avec les utilisateurs de Linux.
Côté éditeurs de solutions Linux, étaient présents bien entendu l’américain RedHat et l’allemand SuSe. United Linux, la nouvelle alliance entre Turbolinux, Caldera Suse et Conectiva (voir édition du 30 mai 2002) était aussi présente. MandrakeSoft a limité toutefois les dépenses en n’ayant pas de stand propre. Toutefois, la société était représentée sur les stands d’IBM, AMD et de HP.
Le « oui, mais » de Linus Torvalds
Linus torvalds n’est pas opposé à cette professionnalisation. Selon lui, l’apparition de plus en plus d’éditeurs de solutions Linux a permis de rendre le système plus accessible à tout un chacun. Il souhaite toutefois que cette professionnalisation ne vienne pas tuer la créativité en ne répondant qu’à des besoins commerciaux. « Beaucoup de choses très intéressantes sont sorties de projets farfelus comme le système de cache pour les fichiers », a-t-il déclaré.