L’inventeur de l’hypertexte, c’est lui… et pourtant, personne ne le connaît ou presque. Ted Nelson a en effet été le premier, dès 1960, à décrire un système, théorique, de liens entre des documents. C’est le projet Xanadu. Le mot « hypertexte » est employé pour la première fois en 1963. Attention, il ne faut pas se méprendre. Il n’est pas l’inventeur du Web, tel qu’on le connaît aujourd’hui. D’ailleurs, pour Ted Nelson, le Web n’est qu’une adaptation très réduite et inepte du concept original. Il l’a réexpliqué devant les caméras de VNUnet TV, pendant la Fête de l’Internet : « Le concept de Xanadu, c’est tout simplement l’hypertexte tel que je pense qu’il devrait être. Un système dans lequel les connexions se font dans les deux directions, où il est possible de citer librement n’importe quel contenu tout en respectant les droits d’auteur. Un système enfin, dans lequel le contenu n’est pas oublié dans un coin. Une URL, c’est comme l’indication d’un emplacement dans une bibliothèque : vous voulez atteindre le 3ème livre sur la deuxième étagère. C’est ridicule. Cela doit avoir un nom, cela doit être universel. » Et d’enfoncer le clou : « L’hypertexte, tel qu’il est devenu, est un cas superficiel et dégénéré [de la théorie Xanadu, Ndlr]. Il s’agit essentiellement d’une imitation du papier, avec des liens simples n’allant que dans une seule direction. Nous devons y remédier. »Le transpublishing pour le respect des droits d’auteur
En réalité, le principal problème de Ted Nelson est d’arriver à expliquer son concept. Et c’est pourtant ce qu’il fait depuis 40 ans. Derrière le concept de Xanadu se cachent donc plusieurs idées, énoncées dans la page The Xanadu Vision. La plus facile à comprendre concerne l’automatisation du respect des droits d’auteur. Afin de donner la possibilité à quiconque de citer les dires de qui ce soit, l’idée du transpublishing consiste à faire en sorte que le contenu des citations proviennent toujours du site de l’auteur, permettant ainsi à celui-ci de connaître, et donc de compter, chacune des citations. Comme en témoignent les dessins à main levée présentés sur le site de Xanadu, tout ceci n’est encore qu’à l’état de concept. Mais Ted Nelson, à Paris pour recevoir la décoration d’officier des Arts et Lettres, en a également profité pour montrer une première réalisation concrète, sous la forme d’un logiciel permettant de créer des liens entre documents de manière visuelle, simplement en traçant des lignes à l’écran. Un petit pas qui n’entame pas l’enthousiasme de Ted Nelson qui compte bien adapter son concept au « pauvre » Web actuel. A l’en croire, nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’édition électronique.
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