La MAIF n’est plus seulement cliente de Linxo.
La société d’assurance mutuelle devient, dans le cadre d’un tour de table de 20 millions d’euros, actionnaire de la start-up dont elle exploite, depuis l’an dernier en marque blanche, le service d’assistance à la gestion des finances personnelles.
Autres clients de Linxo, le Crédit Mutuel Arkéa et le Crédit Agricole participent également à cette levée de fonds.
Le premier était entré au capital de la FinTech en 2012, lors d’un tour d’amorçage de 530 000 euros. Le second avait officiellement rejoint la boucle début 2016 via son fonds d’innovation et de recherche FIRECA, à l’occasion d’un financement de 2 millions d’euros.
À l’époque, Linxo revendiquait « plus de 700 000 utilisateurs » pour son service d’agrégation qui collecte et structure des données financières afin de donner aux utilisateurs une vue d’ensemble de leur situation.
Le compteur en est désormais à 1,4 million de personnes « ayant déjà utilisé [l’]application », accessible sur iOS, Android, Windows 10… et Apple Watch.
La base potentielle d’utilisateurs est nettement plus large si on considère les partenariats tels que ceux noués avec le Crédit Mutuel Arkéa et le Crédit Agricole pour leurs banques en ligne respectives : BforBank et Fortuneo Banque – la MAIF ayant pour sa part intégré la technologie dans son assistant Nestor.
L’aventure avait démarré en 2010, sous l’impulsion de Hugues Pisapia et de Bruno Van Haetsdaele, deux ingénieurs de Télécom Paris qui avaient travaillé, pendant 8 ans chez Wimba, sur des solutions collaboratives d’apprentissage en ligne.
Membre fondateur de l’association FinTech France aux côtés d’une trentaine d’autres entreprises du secteur, Linxo est aujourd’hui basé à Aix-en-Provence.
L’argent frais apporté par ses « clients-actionnaires » lui permettra de creuser la dimension du « coach financier ». L’agrégation n’est ainsi qu’un « socle technologique », selon Bruno Van Haetsdaele.
En la matière, est testée depuis plusieurs mois une fonction « Linxo Connect » destinée à faciliter la souscription de services financiers.
La société pousse aussi un algorithme capable de prédire un découvert à 30 jours sur un compte*. L’objectif est d’y adjoindre une fonction d’automatisation des virements, précisément dans l’optique d’éviter ces découverts.
En proposant ce service, Linxo serait susceptible d’entrer dans la catégorie des services « d’initiation de paiement » au sens de la directive européenne sur les services de paiement révisée.
De son acronyme DSP2, le texte (no 2015/2366) introduit aussi une reconnaissance juridique des « services d’information sur les comptes ». Linxo relève de cette activité qui consiste à « fournir des informations consolidées concernant un ou plusieurs comptes de paiement détenus par l’utilisateur de services de paiement […] ».
Les États membres de l’UE sont censés appliquer les dispositions de la DSP2 au 13 janvier 2018. Sauf que les banques, qui ne pourront plus refuser d’ouvrir leur SI aux FinTech, ne l’entendent pas de cette oreille. La récente sortie de Frédéric Oudéa, directeur du groupe Société Générale, l’illustre.
Sous la casquette de président de la Fédération bancaire de l’Union européenne (EBF), l’intéressé a invité Bruxelles à reporter l’application du texte, considérant que le timing serait trop serré, étant donné que les normes techniques réglementaires sous-jacentes ne seront soumises qu’à l’automne au vote du Parlement européen.
Le débat s’oriente aussi sur la technique du web scraping, qu’envisage la Commission européenne : les FinTech pourraient utiliser les données d’identification des clients pour accéder à leurs comptes. Ce qui, selon Frédéric Oudéa, donnerait accès à de nombreuses informations confidentielles, « en contradiction avec les règles les plus élémentaires de protection des données ».
Le dirigeant privilégie les échanges par interfaces de programmation (API). Du côté de Linxo, on choisit aussi cette voie par défaut. Sinon, on utilise l’accès client et on automatise les actions que ferait une personne en se connectant au site de sa banque.
À consulter en complément, les derniers investissements du Crédit Mutuel Arkéa dans la FinTech :
* L’algorithme est réservé aux utilisateurs de la version premium, qui apporte également, pour 3,49 euros TTC par mois ou 29,99 euros par an, la possibilité de personnaliser les catégories de dépense, le groupement de comptes par thèmes et un historique illimité (6 mois sinon), tout en supprimant la pub.
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