L’iPod malade de l’exception française
Branle-bas de combat dans les réseaux de revendeurs de produits Apple cette semaine : l’iPod, pourtant présent sur le marché français depuis près d’un an, souffre d’un niveau sonore trop élevé de 104 dB, alors que la réglementation française en autorise 100. Le petit baladeur a donc été retiré de la vente en attendant qu’une solution d’Apple suive les directives stipulées par le code de la santé publique.
L’article L44-5 du code de la santé publique le précise pourtant de manière très claire : « Les baladeurs musicaux vendus sur le marché français ne peuvent excéder une puissance sonore maximale de sortie correspondant à une pression acoustique de 100 décibels S.P.L. Ils doivent porter sur une étiquette lisible, non détachable, la mention : ‘A pleine puissance, l’écoute prolongée du baladeur peut endommager l’oreille de l’utilisateur’. Les baladeurs musicaux qui ne seraient pas conformes à ces dispositions ne peuvent être commercialisés en France ». D’où l’arrêt dans la précipitation de la commercialisation de l’iPod (voir édition du 22 janvier 2002) d’Apple.
Les caractéristiques techniques de la machine sont claires… L’iPod émet jusqu’à 104 dB (104,5 dB, selon le laboratoire d’essais de la FNAC). C’est d’ailleurs l’absence du produit à la Fnac qui a éveillé l’attention du Web en début de semaine et plus particulièrement du site ACBM. La réaction des revendeurs ne s’est pas fait attendre : retrait pur et simple de la vente du petit baladeur frappé de la pomme, ainsi que le prévoit le texte d’application de la réglementation française. Sur le site de vente français d’Apple, la machine est toujours en vente, même s’il est prévu que les iPod ne soient pas livrés avant la mi-octobre, selon des lecteurs du site MacBidouille ! Pas de commentaire officiel de la part d’Apple France en revanche. Les décisions de la maison mère prévalent en effet dans ce cas de figure, en raison des éventuels développement à réaliser pour mettre le matériel en conformité avec la réglementation française, spécifique dans ce cas de figure par rapport à la réglementation européenne, qui prévoit bien un niveau maximum de 104 dB plus spécifiquement appliqué aux appareils à utilisation en extérieur.
Aucun communiqué d’Apple
Le SPL pour Sound Pressure Level est exprimé en décibels (dB) et s’étale de 0 dB, le niveau de bruit le plus faible perceptible par l’oreille humaine, à des niveaux bien supérieurs (le bruit d’un moteur d’avion à 25 mètres est de 140 dB). Ces niveaux n’ont toutefois pas une progression linéaire, mais logarithmique, ce qui les rend dangereux rapidement au-dessus de 100 dB. La législation française est particulièrement rigoureuse sur ces points plus particulièrement en raison de cas d’accidents et de traumatismes déjà recensés. Le niveau où l’oreille humaine commence à souffrir se situe autour de 130 dB, tandis qu’une conversation normale émet des niveaux de 60 dB environ. Avec 104 dB, le niveau de l’iPod se situe au-dessus de la réglementation française, mais encore bien en deçà de niveaux considérés comme particulièrement dangereux pour la santé. Pour les revendeurs du produit, seule une notification orale leur demandant expressément de ne pas vendre l’iPod et provenant d’Apple avait été formulée mardi 24 septembre, mais aucun communiqué n’avait été transmis. Un firmware limitant les décibels serait prévu dans les 15 jours qui viennent. Un délai raisonnable qui explique que le site de vente d’Apple ne prévoit pas de livrer avant le 15 octobre les iPod actuellement commandés .
Pas de gros succès commercial pourl’iPod en France
L’iPod est considéré par Apple comme un produit stratégique, clé de voûte ou élément principal de la stratégie de migration des utilisateurs de PC vers le Mac. Une absence prolongée du baladeur risquerait de peser sur ses ventes à l’approche de Noël. En attendant, du côté des utilisateurs l’ayant déjà acquis, on navigue entre la perplexité et l’étonnement, même si de nombreux acquéreurs ont bien pris conscience qu’ils avaient désormais entre leurs mains un baladeur « collector ». Le cas français s’avère bien spécifique, même si l’iPod ne devrait souffrir que peu de temps de cette exception réglementaire française. On peut toutefois s’étonner que les responsables du produit n’aient pas détecté cette anomalie avant la commercialisation du baladeur à la fin de l’année 2001. Ces tribulations affecteront-elles réellement les ventes du baladeur d’Apple ? On peut en douter, car selon nos sources, les faibles ventes de l’iPod sur le marché français feraient grincer des dents les patrons de Cupertino. Sans doute aussi une des raisons pour lesquelles Apple n’a pas réagi avec vivacité à l’exception française ! Comme en France, nul n’est censé ignorer la loi, peut-être les piètres ventes de l’iPod étaient-elles simplement dues au non-respect de la réglementation par Apple…