Liquid Audio proche de la liquidation
Précurseur dans la distribution de la musique en ligne et la gestion des droits numériques, Liquid Audio risque le dépôt de bilan. Entre la frilosité des majors du disque et l’explosion des systèmes d’échange de fichiers, la technologie avait peu de chances de convaincre. Elle continuera cependant d’exister à travers Microsoft, qui avait racheté les brevets.
Mauvaise fin d’année en perspective pour Liquid Audio. A l’heure où l’industrie musicale semble enfin mûre pour développer son commerce en ligne (voir notamment édition du 21 novembre 2002), la société est sur le point de déposer son bilan. Créée en 1996, elle fut un précurseur dans le domaine du transfert en ligne de fichiers musicaux et, surtout, de la mise au point des technologies de gestion des droits numériques (Digital rights management ou DRM). La technologie a été récemment rachetée par Microsoft pour 7 millions de dollars (voir télégramme du 3 octobre 2002).
Liquid Audio s’est-elle lancée trop tôt sur le marché de la vente en ligne de titres musicaux ? Possible. Entre l’attentisme des majors de l’industrie musicale américaine et la concurrence déloyale mais incontrôlable des systèmes d’échange de fichiers peer-to-peer (Napster puis Kazaa), Liquid Audio n’a eu qu’une faible marge de manoeuvre qui semble lui être fatale aujourd’hui. Ce ne serait qu’un exemple de plus de start-up développée autour d’une technologie réelle et utile, mais qui n’a pas su trouver son marché. Cependant, aucune solution ne permet aujourd’hui de penser que le problème de l’échange non contrôlé de fichiers multimédias est en voie de résolution.
Liquid Audio avait tenté de faire face à ses difficultés économiques en lançant sa propre plate-forme marchande sur Internet, Burnitfirst, laquelle ne se distinguait pas vraiment de ses concurrentes (voir édition du 29 avril 2002). D’autant que le catalogue se limitait à une centaine d’artistes (131 exactement). Cela n’a apparemment pas suffi à redresser la situation comptable de l’entreprise. Les actionnaires ont donc voté la redistribution des actifs et recevront 2,50 dollars par part le 20 décembre prochain… avant la probable liquidation de la société.