L’iTunes Music Store passe au PC
Apple vient d’annoncer la disponibilité de l’iTunes Music Store sous Windows. Avec des partenaires comme AOL ou Pepsi, la firme espère ainsi imposer sa solution de vente de musique en ligne aux utilisateurs de PC.
Après Fred Anderson hier (voir édition du 16 octobre 2003), c’est Steve Jobs, le P-DG d’Apple, qui arborait aujourd’hui un sourire d’homme heureux : la firme a en effet tenu ses délais pour le lancement d’une version PC de sa solution de vente de musique en ligne. Annoncée jeudi 16 octobre 2003 à 19h20 heure française, sa commercialisation a débuté immédiatement, aux Etats-Unis uniquement. Tous les outils nécessaires sont réunis : QuickTime en version 6.4, iTunes (voir édition du 12 janvier 2001) en version 4.1 pour Windows et pour Mac, et l’iTunes Music Store (voir édition du 29 avril 2003) compatible PC. Les logiciels d’Apple sont téléchargeables gratuitement sur le site de la firme et sont également fournis à l’achat d’un iPod.
Pour comprendre les atouts de la solution musicale d’Apple, il faut bien avoir en tête le travail technique de fond : le logiciel iTunes a été retravaillé en profondeur pour se hisser au même niveau de fonctionnalité que les juke-box numériques disponibles sur PC. Il permet désormais possible d’enregistrer et de gérer des notes audio, le partage de musique entre Mac et PC a été ajouté, de même que l’exploitation des listes de diffusion directement réalisées sur l’iPod. « Il ne s’agit pas d’une version amoindrie d’iTunes ou de notre magasin en ligne. C’est la totalité de la solution. Il s’agit de la meilleure application pour Windows jamais écrite », a ironisé Steve Jobs. Le P-DG d’Apple a souligné par la même occasion que « l’enfer n’est plus ». Une critique à l’emporte-pièce, dont on se demandera si elle concerne le système Windows, le piratage de musique en peer-to-peer sur Internet (voir édition du 29 avril 2003), la difficulté d’utilisation des logiciels concurrents d’iTunes ou bien encore les plantages à répétition de la version pour PC de QuickTime… Les premiers témoignages d’utilisateurs d’iTunes pour PC abondent déjà : si la plupart apprécient l’application, l’interface graphique semble poser problème sur certaines machines.
Des partenaires de poids
Devant l’énorme ingénierie technique se cache une mécanique commerciale en cours de montage. Apple force l’allure pour faire apparaître sa solution dans un maximum de points de vente : outre les quelque 74 magasins dont elle disposera d’ici la fin de l’année, la firme concède la distribution de sa solution à des magasins de musique ou à des chaînes de magasins comme May Department Stores, qui contrôle Kaufmann’s (l’équivalent de la chaîne Printemps aux Etats-Unis). Sur le Net, l’iTunes Music Store sera accessible au plus gros vivier d’utilisateurs recensé aux Etats-Unis : AOL. Avec ses 25 millions d’internautes, le leader des fournisseurs de services Internet doit servir de relais commercial. Autre accord magistralement orchestré, le partenariat avec Pepsi Cola. Le challenger de Coca Cola, considéré comme le limonadier des jeunes qui aiment la musique, distribuera 100 millions de titres gratuitement via ses bouchons de sodas à partir du 1er février 2004. De quoi donner un coup de fouet aux ventes en début d’année et aider le Music Store à atteindre son objectif de 100 millions de titres vendus. Avec 13 millions de chansons vendues en six mois sur moins de 1 % des ordinateurs de la planète, c’est bien le diable si Apple ne parvient pas à atteindre cet objectif ambitieux en s’ouvrant aux utilisateurs de Windows ! Enfin, Apple a également prévu deux autres moteurs de vente : les « bons d’achats cadeaux » et le porte-monnaie électronique pour les enfants. Des astuces marketing qui devraient faire mouche au pays de la consommation. Surtout, ces formules vont sans doute donner bonne conscience aux parents et élargir la palette d’outils disponibles pour éradiquer le piratage.