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Livraison : où en est l’uberisation en Europe ?

La Poste, Royal Mail, PostNL… Bousculés par l’ogre Amazon, les grands acteurs de la livraison de colis en Europe voient arriver une deuxième lame : l’uberisation, sous l’impulsion de jeunes entreprises qui exploitent des plates-formes informatiques fonctionnant sur le modèle du « crowdshipping ».

Ce schéma consiste à mettre directement en relation l’offre et la demande, notamment pour régler le problème du « dernier kilomètre ». Un système d’autant plus agile qu’il se base sur la dimension temps réel… et que n’importe qui peut livrer des colis, selon sa disponibilité.

On en a l’illustration avec UberRUSH, qui reprend le principe des autres services de la société Uber, confirmant son positionnement en tant que spécialiste, non du transport, mais de la mobilité.

Le concept est décliné sur plusieurs verticales. Notamment la livraison de repas, secteur en effervescence (voir notre article : « Livraison de repas : le grand boom du ‘click & eat’ »).

Google et Amazon s’y sont positionnés aux États-Unis. Le premier est aussi à pied d’œuvre avec des drones* dans le cadre du projet Wing, qui pourrait aboutir au lancement, en 2017, d’un service de livraison « par les airs ».

Face à Google Express dans la livraison de produits frais, Amazon a monté Fresh.

Le groupe e-commerce, qui compte par ailleurs louer – avec option d’achat – une flotte de 20 avions Boeing 767 pour gagner en indépendance sur le fret aérien, réfléchit plus globalement à la meilleure manière d’appliquer le concept d’Uber à la livraison de colis.

C’est dans cet esprit que s’inscrit l’offre Flex : des coursiers sont payés à la tâche, sur des créneaux de 2, 4 ou 8 heures, pour assurer la livraison aux abonnés Amazon Prime. À l’instar des chauffeurs UberPOP, il ne sont pas salariés et paient leur assurance auto ainsi que leur carburant.

Des tests ponctuels menés dans la région de San Francisco avec le concours de taxis et de chauffeurs Uber ont permis au groupe de Jeff Bezos d’abaisser le coût moyen de livraison d’un colis à 5 dollars, contre 8 dollars via les circuits traditionnels.

Pour Reuters, qui s’appuie sur des témoignages d’analystes, ce phénomène d’uberisation aura un impact sur le long terme, la valorisation des groupes postaux européens étant appelée à régresser.

Amazon a déjà redistribué les cartes : Royal Mail estime que le potentiel de croissance de son activité sur la livraison de colis (50 % de son chiffre d’affaires ces dernières années) a diminué de moitié.

Chez Credit Suisse, on considère que Deutsche Post pourrait perdre 3 à 5 % de revenus d’ici 5 ans si Amazon parvient à assurer au moins une livraison sur deux sans intermédiaire.

* En France, La Poste a effectué une expérimentation avec des drones via sa filiale Geopost, par ailleurs montée à 80 % du capital de la start-up Resto-In, spécialisée dans la livraison rapide de repas de restaurants à domicile.

Crédit photo : Dima Sidelnikov – Shutterstock.com

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