Livre numérique : les pistes explorées dans le rapport Patino
Le directeur du Monde interactif préconise « une offre abondante, un prix abordable et sans protection technique excessive ».
En mai 2008, Jeff Bezos, fondateur et PDG de l’entreprise, a précisé que les ventes sur le Kindle représentaient 6 % des ventes totales des titres offerts à la fois en version numérisée et sur papier. Pour la petite histoire, Amazon avait d’ailleurs acquis une jeune pousse française en 2005 orientée édition électronique (Mobipocket).
L’édition professionnelle en avance
En France, les initiatives restent isolées : signalons toutefois la récente acquisition de Numilog par Hachette Livre (groupe Lagardère). En octobre 2007, la FNAC a établi un partenariat avec Cyberlibris : une bibliothèque numérique de 1000 titres sont disponibles via un logiciel de lecture si l’on s’acquitte d’un abonnement forfaitaire mensuel. Les services les plus poussés sont localisés dans le segment de l’édition scientifique, technique et médicale.
Côté secteur public, la Bibliothèque nationale de France fournit des efforts pour contribuer à l’émergence d’une bibliothèque numérique européenne via le projet Gallica 2 (2 millions d’ouvrages d’ici 2011, 10 000 en l’état actuel).
On l’a compris : le marché du livre numérique reste fragmenté et embryonnaire. Et aucun « reader » ne s’est vraiment imposé. Avant de parler usages (qui pourraient évoluer en fonction des supports écran comme le téléphone mobile, l’iPhone, les consoles de jeux ou les ultras portables), les premiers freins techniques identifiés sont à lever.
Prenons le cas de la maîtrise des métadonnées* qui constitue un casse-tête. « Plusieurs acteurs gèrent les flux d’informations où sont compilées les métadonnées : la Bibliothèque Nationale de France pour la partie purement bibliographique, Electre pour la partie bibliographique et commerciale, et Dilicom pour la partie logistique. Ces informations se recoupent sans user d’un format commun. Elles ne sont donc pas interopérables », souligne le rapport.
Musique, vidéo, livres : les mêmes interrogations
Tout comme dans le domaine de la musique ou de la vidéo, la question du modèle économique et de la rétribution des ayants droit demeure un sujet primordial. « Dans cet univers aux modèles économiques d’une complexité croissante, il faut que l’un des acteurs de la chaîne joue un rôle de centralisation et d’intermédiation. Mais qui est cet acteur au centre du « hub’ des chaînes de valeur : le fournisseur de l’accès, le détenteur du droit, le vendeur qui ‘place’ le produit, ou le fabricant ? », s’interroge la Commission Patino.
Le rapport reprend du coup à son compte les mêmes principes fondateurs que ceux identifiés dans le cadre de la mission Olivennes pour la lutte anti-piratage numérique et le développement des services légaux : « donner la priorité à la mise en place d’une offre légale à la fois suffisamment abondante, à un prix acceptable par le marché et sans verrouillages techniques excessifs. »
Pour favoriser l’essor du marché, la Commission Patino recommande l’application d’un taux de TVA réduit pour les contenus culturels numériques. Une revendication ancestrale que la presse écrite tente désespérement d’arracher pour développer son offre éditoriale en mode premium sur Internet. Mais les pouvoirs publics n’ont jamais répondu favorablement à cette requête…
*Informations qui décrivent le contenu, les éléments de propriété intellectuelle et les éléments matériels d’un contenu numérique.