L’OCDE demande une coopération internationale contre le spam
Négligeable il y a seulement deux ans, le spam est aujourd’hui omniprésent. L’OCDE estime que ce phénomène peut remettre en cause le développement du commerce en ligne.
« L’un des plus grands défis que la société de l’information doit affronter. » Erkki Liikanen, commissaire européen responsable des entreprises et de la société de l’information, ne mâche pas ses mots pour décrire l’ampleur du phénomène généré par les spams (ou pourriels, les courriers électroniques à caractère commercial envoyés en masse). Pour le commissaire, qui s’exprimait en ouverture du colloque organisé par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) à Bruxelles, avec le soutien de la Commission européenne (voir édition du 28 janvier 2004), les pourriels ne sont pas seulement nuisibles à la vie privée, à la sécurité ou à la décence (notamment en cas d’e-mails pornographiques interceptés par des mineurs). Ils coûtent également cher aux entreprises, tant en termes de productivité que de maintenance de réseau. Et « d’une manière plus générale, ils sapent la confiance des consommateurs, qui est une des conditions préalables de la réussite du commerce électronique et, d’ailleurs, de la société de l’information ». Autrement dit, le Réseau mondial prouvera sa fiabilité s’il est en mesure de se débarrasser de ce fléau.
Car il s’agit véritablement d’un fléau. Fin 2003, la société BrightMail, spécialisée dans la lutte contre le spam, estimait à plus de 50 % la proportion de courriers indésirables reçus quotidiennement en Europe, voire 58 % à certaines périodes. En 2001, le pourriel ne constituait que 7 % des courriers électroniques. TACD, une organisation regroupant 65 associations internationales et visant à nouer des dialogues entre les consommateurs américains et européens, affirme que 96 % de ses membres se déclarent victimes du spam. Selon une étude réalisée entre octobre et décembre 2003 auprès de plus de 21 000 membres issus de 36 pays, 84 % des sondés estiment que ces pratiques de vente agressives devraient être interdites. Et presque autant (83 %) pensent que les contenus des e-mails non sollicités sont frauduleux ou trompeurs. 82 % seraient favorables à l’application du système de l’opt-in, dans le cadre duquel les destinataires donnent leur accord pour recevoir des courriers commerciaux. L’étude nous apprend également que 52 % des utilisateurs achètent moins sur Internet, ou plus du tout, de peur de recevoir plus de spams. Et si 62 % utilisent des filtres antispam, seul 17 % s’en disent satisfaits. Enfin, 65 % estiment que les pourriels leur coûtent du temps et, du côté des employeurs, de l’argent.
Pas de solution miracle
La solution infaillible contre ce fléau ne sera évidemment pas trouvée à l’occasion du colloque. Erkki Liikanen lui-même en convient : il n’y a pas de solution miracle, ni technique, ni juridique. Le combat passe par une combinaison de stratégies antispam, de la coopération internationale contre les auteurs de pourriels à l’information et l’éducation des utilisateurs, en passant par des solutions de filtrage. La première étape serait déjà d’appliquer la directive sur le commerce électronique (2002/58/CE du 12 juillet 2002) dont les transpositions nationales devaient avoir lieu avant le 31 octobre 2003. En France, il faudra attendre le vote de la loi sur la confiance dans l’économie numérique pour appliquer la directive. De son côté, l’OCDE prêche pour une législation internationale.