Loi Création et Internet : « le flicage systématique de nos abonnés », selon Xavier Niel
Dans un entretien à Capital, le fondateur de Free s’oppose au projet de loi de lutte contre le piratage et la taxe sur le chiffre d’affaires. Et Alice dans tout ça ?
Il souffle actuellement un vent de contestation chez Free. A l’approche de l’examen du projet de loi Création et Internet prévu cet automne, Xavier Niel monte en première ligne pour dénoncer ce texte de loi.
Dans un entretien accordé au magazine Capital (juillet 2008), le « fondateur-PDG-actionnaire principal » du groupe Iliad/Free ne mâche pas ses mots. « Economiquement, cela n’a aucun impact sur nous, mais certaines des dispositions nous paraissent liberticides ».
Le projet de loi contre le téléchargement illégal, présenté en Conseil des ministres le mois dernier par la ministre de la Culture Christine Albanel, prévoit notamment la création d’une haute autorité de lutte contre le piratage sur Internet (Hadopi). Xavier Niel la perçoit comme « un organisme destiné à donner des coups de bâton sur les doigts des Français ».
Et d’ajouter : « ce qui se dessine, en dépit de l’opposition de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, du Conseil d’état et du parlement européen, c’est bel et bien le flicage systématique de nos abonnés ».
Taxe France Télévisions : elle pourrait atteindre 2% du CA
Le pionnier de l’Internet français, à l’origine de la Freebox, profite de cet entretien pour fustiger également l’idée d’une taxe de 0,9% sur le chiffre d’affaires des opérateurs de téléphonie et des fournisseurs d’accès Internet pour compenser l’abandon de la publicité sur France Télévisions.
« Rien de plus injuste qu’une taxe sur le chiffre d’affaires, c’est une prime au mauvais. En France, on ponctionne les secteurs qui marchent au profit de ceux qui peinent », commente Xavier Niel dans cette interview fleuve accordée au magazine économique. « C’est bizarre venant d’un libéral comme notre président. On n’a pas eu le courage d’augmenter la redevance, mais ce sont bien les consommateurs qui paieront, avec l’illusion que ce n’est pas l’État qui ponctionne. Du coup, le prélèvement ‘infinitésimal’ prévu au départ (moins de 0,1%) est déjà passé à 0,9% et vous verrez qu’il atteindra 1,5 ou 2% ».
Enfin, le PDG de Free s’explique sur l’acquisition en cours du service d’accès concurrent Alice. « Alice nous correspond. Cet opérateur s’est beaucoup inspiré de nous, jusqu’au rouge de son logo. Le moment était opportun […]. Surtout, ce rachat nous rapporte 950 000 abonnés supplémentaires, la plus grosse base de clients ouverte ces dernières années », confie-t-il sans rien dire sur la façon dont l’intégration du service d’accès de Telecom Italia France au sein d’Iliad/Free sera réalisée et sur son impact social.
A lire également : Dossier spécial Vnunet.fr : Loi anti-piratage : avis de tempête