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Loïc Le Meur (LeWeb Londres) : « Airtime, le pitch de Seesmic Vidéo il y a cinq ans »

Le 19 et 20 juin, la planète start-up aura les yeux rivés sur la première session estivale LeWeb organisée à Londres.

Thème de prédilection : « Faster than Real Time« .

Fort de l’influence internationale de l’évènement en France (une session par an à Paris depuis huit ans), les organisateurs Géraldine et Loïc Le Meur ont décidé de décliner le concept outre-Manche.

On attend un panel d’acteurs du Net prestigieux de la Silicon Valley et d’ailleurs notamment Chad Hurley (ex-YouTube), Niklas Zennstrom (Atomico Ventures, Skype…), Brent Hoberman (Made.com), / Bradley Horowitz (Google), Phil Libin (Evernote)…

Dans une longue interview ITespresso.fr, Loïc Le Meur s’est prêté au jeu des questions-réponses de manière transversale : organisation LeWeb, évolution de Seesmic (sa propre start-up orientée réseaux sociaux), les différences d’écosystèmes de jeunes pousses entre les Etats-Unis et l’Europe, sa perception de la dernière campagne présidentielle (et de la précédente), les débuts de Facebook en Bourse…

(Interview téléphonique réalisée le 06/06/12, photo illustration : Lucas Sartoni)

ITespresso.fr : Comment se passe l’organisation de la première session LeWeb à Londres ?
Loïc Le Meur : Nous venons de passer la barre du millier d’inscrits à l’évènement. Pour une première, c’est encourageant. Il nous a fallu cinq ans pour parvenir à ce niveau en France.

ITespresso.fr : Pourquoi as-tu ressenti le besoin de créer une seconde édition LeWeb en Europe ?
Loïc Le Meur : Nous avons reçu des demandes dans ce sens, parallèlement à celle traditionnellement organisée en décembre (3500 personnes pour la précédente édition). L’univers technologique évolue tellement vite que deux événements LeWeb en Europe par an se justifient sans problèmes.

Encore récemment, j’ai été fasciné par l’incroyable histoire d’Eric Migicovsky, fondateur de Pebble Smart Watch qui a levé 10 millions de dollars via Kickstarter sans passer par l’intermédiaire de fonds d’investissement. Cela n’est jamais arrivé dans l’histoire du Net. On l’aura sur scène à Londres.

Je dois avouer que l’hyper-activité du gouvernement au Royaume-Uni a fini par nous convaincre. Initialement, on devait exporter LeWeb à San Francisco. Car autant le faire là où j’habite. Mais l’offre de l’équipe de David Cameron [Premier ministre UK, ndlr] était difficile à refuser.

En revanche, je suis assez surpris car il y a peu de participants français. Londres est à deux heures de Paris pourtant. Les Parisiens sont vraiment très Parisiens. On continue LeWeb Paris de toute façon.

ITespresso.fr : C’est une véritable PME mise en place pour son organisation ?
Loïc Le Meur : C’est devenu une PME pour mon épouse Géraldine qui en a fait une activité à plein temps mais elle la gère en solo. Bon, on recrute un peu actuellement. Mais LeWeb n’est pas une start-up comme les autres : on n’a jamais levé de fonds, l’évènement nous appartient.

Mais, initialement, il y a huit ans, ce n’était pas le but recherché. Au départ, je voyais des grands forums Internet aux Etats-Unis et pas d’évènements de ce type en Europe. Je voulais retrouver l’esprit international, les start-up et tous les écosystèmes réunis en un même endroit et créer un nouveau rendez-vous pour cette industrie.

Même à Londres, les événements IT organisés sur place sont très locaux. C’était le même schéma dans chaque pays en Europe. Ce que LeWeb a changé, c’est la dimension internationale (76 pays représentés dans la dernière édition).

Nous sommes devenus leader mondial dans ce segment. L’équivalent aux Etats-Unis, ce serait South by Southwest qui se déroule chaque année à Austin (Texas). Mais c’est plutôt un festival (musique, film, animations interactives…). Et le Web 2.0 Summit (San Francisco) a disparu cette année.

ITespresso.fr : Gagnez-vous de l’argent avec LeWeb  ?
Loïc Le Meur : On est juste profitable. Mais on n’a jamais vu cela comme un vrai business : on ré-investit tout dans la conférence et dans la qualité de l’accueil des visiteurs et des conférenciers.

Géraldine et moi, on ne se paie pas. Mais si on prenait des fonctions classiques de DG avec une rémunération, la structure serait à peine à l’équilibre.

En revanche, on a créé une marque connue dans le monde entier avec une certaine réputation. C’est probablement ce qui a le plus de valeur.

LeWeb n’est pas un produit de luxe mais c’est une belle production et nous en sommes fiers.

Il faut savoir que l’équipe de captation vidéo de la session LeWeb Paris (des free lances), ce sont les meilleurs réalisateurs télé de France sous la houlette de Didier Fraisse.

Cela coûte une fortune : la captation vidéo, la retransmission live via uStream en HD et la diffusion sur YouTube qui a apporté un million de consultations. Mais l’équipe de production s’éclate à faire cela.

TED est la seule organisation à monter un dispositif similaire.

ITespresso.fr : La commercialisation de bases de données des participants LeWeb serait pourtant une mine d’or…
Loïc Le Meur : Oui, nous sommes sollicités dans ce sens mais nous ne les commercialisons jamais. Cela fait partie de nos règles « d’éthique ». Je ne supporte pas que l’on vende mon adresse mail. Je reçois des courriers non sollicités par la suite. C’est une interdiction ferme : les sponsors ou les speakers ne récupèrent jamais les mails des participants.

Dans le prolongement, on ne peut pas acheter de prestations pour venir sur scène. Après, il est vrai que certains partenaires sont mis en avant. Mais, s’ils interviennent, c’est qu’ils sont légitimes et pertinents. Si Google est sponsor, qui n’a pas envie d’écouter son président Eric Schmidt ?

(Lire la suite de l’interview page 2) : que devient Seesmic ?

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