Loïc Rivière (AFDEL) : « Il est indispensable de corriger le différentiel défavorable du coût du travail qu’il existe avec l’Allemagne »
Loïc Rivière, délégué général de l’AFDEL, réagit aux mesures présentées dans le rapport Gallois sur la compétitivité de l’industrie française.
L’Association Française des Editeurs de logiciels et solutions Internet (AFDEL) a rendu public le mois dernier sa contribution au Pacte pour la compétitivité de l’industrie française, rapport du commissaire général à l’Investissement Louis Gallois transmis ce 5 novembre au Premier ministre.
Dans l’entretien ci-dessous, Loïc Rivière, délégué général de l’AFDEL, précise le point de vue de l’organisation.
Que pensez-vous des mesures phares du rapport Gallois sur la compétitivité ?
Loïc Rivière : Le rapport Gallois fait tout d’abord un diagnostic très pertinent du décrochage industriel français.
Il souligne aussi bien des causes structurelles comme nos rigidités administratives et nos réglementations corporatistes qui avaient déjà été soulignées dans le rapport Attali, que conjoncturelles comme la baisse de notre investissement dans l’innovation qui se traduit par un positionnement sur le milieu de gamme et un manque de spécialisation.
Enfin, le rapport Gallois n’oublie pas les causes culturelles : le manque de solidarité des filières industrielles, une moindre propension à la prise de risque ou à la conquête internationale.
Quant aux mesures préconisées, elles sont cohérentes et doivent être comprises comme un « bloc » indissociable.
C’est pourquoi il est indispensable de corriger le différentiel défavorable de coût du travail dont nous souffrons avec notre principal partenaire commercial, l’Allemagne, et que notre productivité ne compense pas suffisamment. Ce point cristallise évidemment les commentaires, mais le rapport précise bien que l’objectif est de reconstituer les marges des entreprises industrielles françaises en vue de dynamiser leur investissement dans l’innovation et la montée en gamme.
Ne nous trompons pas : il n’y aura pas de meilleure compétitivité sans un repositionnement de notre industrie vers la conquête de marchés nouveaux où l’innovation joue un rôle crucial. De nombreuses préconisations du rapport concernent donc le soutien à l’innovation et aux PME.
Si l’industrie est le moteur de ce rapport, le secteur numérique apparaît en filigrane. Qu’en dites-vous ?
Loïc Rivière : Le rapport restaure la notion de politique industrielle et rappelle le rôle central de l’industrie dans la croissance. C’est un point essentiel : il n’y a pas de grande puissance économique en ce monde sans industrie nationale digne de ce nom.
Dans ce contexte, le rapport Gallois insiste à juste titre sur la nécessité de mieux structurer nos filières industrielles avec davantage de solidarités entre les secteurs, entre les entreprises, dans la conquête des marchés.
Le rôle stratégique des organisations professionnelles est aussi clairement identifié et comme vous l’imaginez, nous y souscrivons volontiers ! Nous avons là aussi quelques années de retard vis-à-vis de nos voisins allemands…
Pour ce qui concerne le numérique en particulier, il s’agit d’un rapport à visée macroéconomique, les digressions sectorielles sont donc effectivement peu nombreuses. Nous aurions souhaité qu’une priorité numérique soit affichée tant ce secteur est consubstantiel à la croissance. Et nous avons besoin demain de créer d’autres Dassault Systèmes et d’autres Cegid en France, car il est vital pour le pays de disposer d’acteurs industriels du numérique de premier plan.
Les propositions concernant la fiscalité et le soutien à l’innovation vous semblent-elles pertinentes ?
Loïc Rivière : La sanctuarisation des dispositifs de soutien était un préalable et il semble que ce soit acté.
Nous avions quelques inquiétudes sur la « conscience numérique » de la future Banque publique d’investissement (BPI). Cependant, Louis Gallois préconise que « la BPI mette en œuvre la diffusion des technologies génériques et du numérique dans les entreprises ». Gageons qu’il sera écouté !
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