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L’optique du dernier kilomètre

Vnunet : Sur le plan technologique, où en est la fibre optique aujourd’hui ?Marc Seguin : La fibre optique connaît depuis dix ans un développement spectaculaire. Au point qu’aujourd’hui encore, il est impossible d’en voir les limites. Aujourd’hui, nous arrivons à combiner trois atouts majeurs : le débit, le nombre de longueurs d’ondes et la distance de transmission du signal. Concrètement, la fibre optique permet aujourd’hui des débits de 10 giga bits par secondes, soit 130 000 communications téléphoniques simultanées pour une seconde. La technique du multiplexage (WDM, pour Wavelength Division Multiplexing) qui permet d’envoyer plusieurs longueurs d’ondes sur une seule et même fibre optique a considérablement progressé pour arriver à un chiffre de 160 canaux. L’effort dorénavant réside dans la combinaison de ces trois points. On ne peut pas se permettre de multiplier le nombre de longueurs d’ondes si au bout de la chaîne, le débit baisse. La vrai difficulté réside maintenant dans la maîtrise de ces trois paramètres.

Vnunet : A ces trois paramètres, ne peut-on pas y ajouter un quatrième, celui du coût ?Marc Seguin : Effectivement, le coût de la fibre optique est un élément clé dans son déploiement. Mais on peut noter également la chute régulière des coûts du réseau dorsal transatlantique, qui montre clairement que l’optique n’est plus d’un coût prohibitif. Et l’augmentation continuelle des débits fera également baisser les coûts. La norme la plus économique aujourd’hui concerne le 10 Gbit/s par seconde. Vers l’année 2001, nous passerons au 40 Gbit/s et entre 2001 et 2002 nous pourrons atteindre les 80 Gbit/s par seconde.

Vnunet : Quelle est la prochaine étape du développement de la fibre optique ?Marc Seguin : L’optique est largement présente sur le réseau dorsal. Concernant le réseau métropolitain, il y a une nette tendance vers l’adoption de l’optique face à l’hertzien ou au cuivre. La prochaine étape de la fibre optique devrait se situer au niveau de ce que l’on appelle le dernier kilomètre, c’est-à-dire la connexion jusque chez l’abonné. D’ici les cinq prochaines années, l’optique devrait arriver sur ce marché. En général, les grandes entreprises sont déjà reliées et on constate une progression pour les PME. Le marché des résidences devraient suivre. Lors de nouvelles constructions de zones urbaines, la fibre est déjà mise dans les tranchées. Preuve s’il en est que le dernier kilomètre est une réalité.

Vnunet : Comment pourra se positionner l’optique face au cuivre ou encore très prochainement avec l’émergence de la boucle locale radio ?Marc Seguin : C’est vrai que la fibre optique, qui nécessite de lourds travaux d’installation, part avec un handicap. Le cuivre est utilisé et maîtrise depuis 100 ans et la BLR (Boucle locale radio) est vraiment facile à déployer. Ce sera peut être un facteur ralentissant pour le déploiement de l’optique, mais cela ne sera certainement pas bloquant.

Vnunet : Par conséquent, comment la fibre optique pourra-t-elle s’imposer sur le marché du dernier kilomètre ?Marc Seguin : C’est en fait la croissance constante de la demande en haut débit et en qualité qui sera à l’origine du déploiement de l’optique chez l’usager. La consommation en bande passante sera multipliée par un facteur de 100 à 200 d’ici 4 à 6 ans. Aujourd’hui, on connaît les limites techniques du cuivre, du câble ou encore de la BLR, et au-delà d’un certain seuil, ces technologies sont inadaptées. Il en va tout autrement pour l’optique dont les limites sont inconnues et les capacités énormes. D’autant plus qu’un des points forts de l’optique réside dans ce que l’on nomme en anglais par « scalable », que l’on pourrait traduire par « extensible ». En d’autres termes, le débit sur l’optique peut augmenter sans pour autant toucher à l’installation. Il arrivera un moment où il sera plus simple de creuser des tranchés pour y mettre de l’optique que de faire évoluer la capacité de transmission de la BLR ou du cuivre. D’autant qu’aujourd’hui, l’opérateur est capable d’arriver à la porte de l’immeuble. Nul doute que pour ce qui est de la cage d’escalier, le problème sera réglé. Quand il y a une demande, l’industrie trouve toujours une solution.

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