ITespresso.fr : L’Institut G9+ a 20 ans, qu’est-ce qui vous différencie des dizaines d’autres associations numériques françaises ?
Luc Bretones : L’ambition initiale de l’Institut G9+ est de fédérer les anciens élèves – les alumni – des grandes écoles et universités françaises en leur proposant une plate-forme de discussion et de réflexion sur le numérique.
Ces sujets, qui sont longtemps restés la chasse gardée des DSI, sont devenus beaucoup plus transversaux et impliquent désormais l’ensemble des directions métiers et des directions générales.
Contrairement à d’autres associations, nous ne représentons aucune filière, aucune entreprise même si nous avons des mécènes. Notre sommes indépendants et notre mission est de réfléchir à l’impact du numérique sur les entreprises et la société.
Nous produisons près d’une cinquantaine de manifestations et de conférences chaque année, des cycles thématiques (femmes, prospective, ESN,..), des livres blancs, et nous n’hésitons pas à nous associer à d’autres structures comme Renaissance numérique, le Syntec Numérique, l’Institut Montaigne, Terra Nova, ou le Conseil National du Numérique pour donner plus de visibilité à ces travaux.
ITespresso.fr : en 20 ans, quelles ont été selon vous les mutations les plus importantes dans la sphère numérique ?
Luc Bretones : L’Institut G9+ a anticipé de nombreux sujets majeurs tels que la montée en puissance des plates-formes web, le boom des start-up, l’économie des apps, le big data, les objets connectés, les réseaux sociaux ou l’intelligence artificielle.
Mais ce qui a peut-être été la principale évolution des dernières années, c’est ce que l’on appelle parfois la « consumerisation de l’IT ». Contrairement aux années 90, ce n’est plus le BtoB qui tire l’innovation et notre association – comme beaucoup de grandes entreprises françaises – a dû prendre ce virage.
ITespresso.fr : Allez-vous contribuer au débat politique à l’approche des prochaines élections présidentielles ?
Luc Bretones – La position au sein du conseil d’administration de l’Institut G9+ est que le numérique ne doit pas être une posture, que ce sujet doit par exemple être au cœur des débats pour les présidentielles de 2017.
Le G9+ est parfaitement neutre politiquement mais nous souhaitons par contre contribuer au débat et encourager l’expression d’une pluralité d’opinions, sans faire de hiérarchie entre ces idées.
Nous préparons d’ailleurs un livre sur ce sujet, en interrogeant des dizaines de leaders d’opinion issus de la société civile. Le livre devrait contenir des propositions pour optimiser le fonctionnement des entreprises et des administrations et simplifier l’économie, loin des débats passionnés des derniers mois.
ITespresso.fr : Puissance numérique de première ordre dans les années 90, la France semble aujourd’hui dépassée par l’Amérique du Nord ou l’Asie. Quelles sont les recommandations du G9+ pour que notre pays, et notre continent, retrouvent leur rang ?
Luc Bretones : il est vrai que si l’on regarde le classement FT500, les nouveaux géants de l’IT sont tous américains ou asiatiques et que les Européens brillent par leur absence.
Les opérateurs résistent encore mais il y a eu beaucoup de casse dans le hardware et toujours aussi peu d’acteurs dans le software.
L’explication vient probablement de l’atomisation du marché européen et de la difficulté du « scale up » pour atteindre rapidement une taille critique.
Mais les choses changent et une nouvelle génération d’entrepreneurs est en train d’apparaître. Mêmes les Américains reconnaissent que la French Tech est en avance dans l’univers des objets connectés, et notre expertise dans les mathématiques pourrait également faire la différence dans les univers de l’intelligence artificielle et du big data.
Une législation franco-allemande sur le big data ou les objets connectés, respectueuse des données individuelles, serait sans doute une avancée intéressante et permettrait à l’Europe de prendre de l’avance sur ces sujets.
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