L’UE veut donner un coup d’accélérateur au calcul à haute performance
La Commission européenne veut pousser les pays membres ainsi que les industriels à multiplier leurs investissements afin de fortement développer le calcul à haute performance et les supercalculateurs d’ici 2020.
Dans une communication destinée au Parlement européen, au Conseil de l’UE, au Comité économique et social européen et au comité des régions, la Commission européenne a réaffirmé le caractère stratégique du calcul à haute performance (CHP/HPC) dans l’industrie (automobile, aéronautique, santé, etc.).
« 97% des entreprises industrielles qui recourent au CHP considèrent que celui-ci est indispensable à leur capacité d’innovation, leur compétitivité et leur survie », a déclaré l’exécutif européen.
Par ailleurs, a ajouté Bruxelles, « disposer de simulations rapides, effectuées par des supercalculateurs (…) peut faire pencher la balance entre la vie et la mort, entre la prospérité et la faillite (…) Par exemple, il est possible de diagnostiquer des maladies à un stade beaucoup plus précoce grâce aux images en 3D du cerveau fournies par le CHP », rapporte Silicon.fr.
Quant aux constructeurs automobiles, ils ont la possibilité de développer de nouveaux véhicules en deux ans au lieu de cinq, « faisant ainsi économiser près de 40 milliards d’euros à l’industrie automobile européenne ».
Vers un doublement des investissements
Dans ce contexte, la Commission européenne a proposé le 15 février dernier un plan visant à héberger des ordinateurs capables d’effectuer 1 000 000 000 000 000 000 d’opérations par seconde (1 exaflops), et à doubler d’ici à 2020 les investissements de l’Union européenne dans le CHP, soit de 630 millions d’euros à 1,2 milliard d’euros (la moitié serait consacrée au développement, à la formation et à de nouveaux centres d’excellence).
« Le calcul à haute performance constitue un facteur clé pour les entreprises européennes et pour la création d’emplois en Europe (…) Nous devons donc investir de façon intelligente dans ce domaine, car nous ne pouvons pas nous permettre de l’abandonner à nos concurrents », a observé Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la stratégie numérique.
Le plan « CHP » de la Commission européenne
Le doublement des investissements de l’UE dans le calcul haute performance devra permettre de :
– Renforcer le programme européen PRACE (Partnership for Advanced Computing in Europe) à travers la mise en commun des fonds nationaux et européens dédiés à la recherche universitaire et industrielle.
– Développer la formation d’une main-d’œuvre spécialisée dans le calcul haute performance.
– Stimuler le marché du CHP en Europe (acquisition de systèmes et services, adoption du CHP dans les entreprises, notamment les PME).
– Encourager les États membres à acquérir conjointement des systèmes CHP de pointe afin d’en partager le coût (un supercalculateur peut coûter plus de 100 millions d’euros à fabriquer et 20 millions d’euros en maintenance annuelle.)
– Créer des centres d’excellence logicielle dans des domaines scientifiques comme l’énergie, les sciences de la vie et le climat.
– Aider les entreprises et les chercheurs dans le secteur du CHP à maintenir une chaîne d’approvisionnement européenne et indépendante, par le financement de la recherche et de l’innovation et les achats publics avant commercialisation.
– Veiller à ce que le secteur européen du CHP ait un accès équitable aux marchés mondiaux.
Le Curie du GENCI, premier supercalculateur européen
En France, le groupe informatique Bull ainsi que de grands instituts de recherche sont des moteurs du CHP.
Ils sont notamment à l’origine du premier supercalculateur pétaflopique européen, le Tera 100 du CEA-DAM (Commissariat à l’énergie atomique – Direction des applications militaires), et du supercalculateur Curie du GENCI (Grand équipement national de calcul intensif), société civile détenue à 49% par l’État français, 20% par le CEA, 20% par le CNRS, 10% par les universités et 1% par l’INRIA.
Avec Curie (9ème place dans le Top 500 des supercalculateurs), le GENCI dispose du supercalculateur le plus performant d’Europe, à ce jour, avec une puissance de calcul de 2 pétaflops.
Le second supercalculateur le plus puissant d’Europe, le système Hermès, est installé en Allemagne (13ème place dans le Top 500 mondial du secteur).
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