Alors, pré-déploiement ou déploiement ? Alors qu’Orange certifie qu’il évolue dans le premier cas, UFC-Que Choisir pense que l’opérateur historique est déjà passé à la vitesse supérieure. « Les différents opérateurs se sont engagés dans une course sans merci pour fibrer les quartiers les plus intéressants. Présent dans plusieurs grandes villes et bien implanté dans la capitale, Orange semble dominer la course », estime l’association de défense des consommateurs.
Pourquoi cet empressement alors que l’Arcep est en train d’établir les règles du matière de régulation du très haut débit ? « Si les opérateurs sont si impatients d’équiper les habitations, c’est parce que cela leur permet de bénéficier d’un monopole local ». Allusion à la règle actuelle du « premier arrivé, premier servi ».
Si un fournisseur d’accès à internet (FAI) déploie en premier son réseau dans une copropriété, il disposera d’une mainmise totale sur l’équipement très haut débit des résidents de l’immeuble. « Il bénéficiera dès lors d’un monopole de fait qui lui donne un énorme pouvoir de négociation, voire la possibilité d’empêcher l’entrée d’autres FAI », suggère UFC-Que Choisir.
« C’est Orange qui bloque »
Si tous les FAI sont mis dans le même panier, la structure de lobby pro-consommateurs se montre particulièrement virulent vis-à-vis d’Orange. « Les différents FAI ont conscience de la nécessité de mutualiser, [comme le fait] de partager la partie terminale de la fibre » mais ils n’y arrivent pas.
« En réalité, ce blocage doit être attribué à Orange qui déploie beaucoup d’énergie pour gêner ses concurrents », assure UFC-Que Choisir.
Comment l’opérateur historique met-il des bâtons dans les roues des Neuf, Free et autres FAI alternatifs ? En implantant les points de mutualisation en pied d’immeuble. Gênant à plusieurs titres, estime l’association. En termes d’effectif, il faut avoir la capacité de couvrir toutes les métropoles de France (voire les villes moyennes à long terme).
D’autre part, les boitiers permettant la mutualisation sont localisés dans les immeubles, nécessitant une autorisation pour pouvoir intervenir. L’UFC-Que Choisir part en guerre contre des « coûts de transaction générés » qui seraient imposés par Orange.
Co-propriétés : urgent d’attendre
L’opérateur leader en France refuserait en plus de divulguer où se trouvent ces points de raccordements. Contrairement aux opérateurs alternatifs. L’association enfonce le clou sur le thème de l’héritage réseau. « Orange utilise les avantages acquis par France Telecom lorsqu’il était en situation de monopole pour brider la concurrence sur un marché en devenir ».
Du coup, l’association présidée par Alain Bazot interpelle le gouvernement pour qu’il impose la mutualisation au NRO (noeud de raccordement optique) comme modalité de raccordement par défaut. Deuxième recommandation : la transparence des pratiques et le partage complet des informations « au nom de l’intérêt du consommateur ».
Face à cette situation tendue entre France Telecom et ses concurrents, l’UFC-Que Choisir se tourne vers les gérants de co-propriétés en les suppliant d’attendre de signer avec un opérateur. Histoire que l’horizon règlementaire s’éclaircisse.
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