Grab, Lyft, Ola… Sur le marché des services de transport à la demande, les licornes, du nom donné à ces sociétés dont la valorisation dépasse le milliard de dollars, se bousculent dans l’ombre d’Uber.
Entre l’Asie et les États-Unis, elles ont drainé, depuis le début de l’année, plusieurs milliards de dollars en capitaux.
Du côté de Lyft, qui revendique une présence dans 48 États américains avec 70 millions de trajets effectués au 1er trimestre 2017 (+ 142 % d’une année sur l’autre), on a officialisé, début avril, un tour de table de 600 millions de dollars, sur la base d’une valorisation à 7,5 milliards.
L’entreprise est accompagnée, dans cette levée de fonds, par une caisse de retraite canadienne (l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public), la société de gestion AllianceBernstein (filiale d’AXA), le fonds d’investissement américain KKR et plusieurs actionnaires historiques parmi lesquels le groupe japonais Rakuten.
L’opération porte à plus de 2,5 milliards de dollars le financement global de Lyft. Elle est également souscrite par la firme écossaise Baillie Gifford… qu’on retrouve au capital d’un autre rival d’Uber : Ola.
Ce dernier, actif en Inde, reste sur une levée de 350 millions de dollars emmenée par SoftBank, avec le concours d’UC-RNT, coentreprise alliant Tata et l’université de Californie.
Sa valorisation post-transaction était annoncée autour de 3 milliards de dollars. On parle désormais de 3,5 milliards après une première rallonge de 100 millions obtenue en mai avec le concours du fonds américain Falcon Edge Capital… et une deuxième de 50 millions apportée cette semaine par le fonds Tekne Capital Management basé à New York.
Sur fond de pression de la part des autorités indiennes et des chauffeurs sur place, les discussions se poursuivraient avec Coatue Management, qui a déjà une participation dans Lyft.
On prête aussi des négociations à Grab. La firme présente en Asie du Sud-Est (Singapour, Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Vietnam, Philippines) pourrait lever 1,5 milliard de dollars avec la participation de SoftBank.
Le groupe japonais avait déjà emmené, en septembre dernier, un tour de table de 750 millions de dollars auquel le géant chinois Didi aurait contribué. C’est à peu près la somme que Grab s’est engagé à investir rien qu’en Indonésie à l’horizon 2020*.
Sur place, une autre société vient de finaliser un tour de table remarqué : Go-Jek. Le groupe chinois Tencent a emmené l’opération, chiffrée à 1,2 milliard de dollars. Des discussions auraient eu lieu – sans aboutir – avec Ant Financial, branche de services financiers d’Alibaba.
Revendiquant 200 000 chauffeurs pour ses motos-taxis, Go-Jek a investi le monde des quatre-roues au travers d’un partenariat avec la compagnie de taxis Blue Bird. Dans le même temps, Uber, comme Grab, s’est lancé dans les motos-taxis.
En Chine, Didi, qui annonce 400 millions d’utilisateurs de ses services malgré leur encadrement plus strict par les autorités, sort d’un tour de table de 5,5 milliards de dollars, pour une valorisation de 50 milliards. SoftBank serait là aussi de la partie.
Et Uber dans tout ça ? Sa dernière opération de financement dont le montant est connu remonte à la mi-2016 : 3,5 milliards de dollars avec la participation notable du fonds souverain saoudien.
* Dans une étude menée avec le fonds souverain singapourien Temasek, Google estime à 13 milliards de dollars le marché en Asie du Sud-Est à l’horizon 2025, contre 2,5 milliards en 2015.
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