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M-paiement : Crandy, une technologie rudimentaire ‘mais qui marche partout’

Je l’avoue, pour écrire cet article, j’ai touché un pot-de-vin : Philippe Lerouge, co-fondateur de Crandy du nom d’un système de paiement par téléphonie mobile, m’a envoyé sur mon propre portable 50 centimes d’euro.

Somme que je peux, à mon tour, transférer vers un autre mobile ou que je peux utiliser pour régler des achats. D’après Philippe Lerouge, quelque 300 automates de vente acceptent ce mode de paiement en Allemagne, une cinquantaine en Belgique, et moins d’une centaine en France.

Après une période de tests démarrés en juin dernier, Selecta, qui s’auto-proclame leader de la restauration d’appoint en Europe, vient ainsi d’équiper du système Crandy une soixantaine de ses distributeurs automatiques de boissons dans les stations-services Agip installées le long des autoroutes de l’Est, du Sud-Est, du Sud et du Sud-Ouest de France.

Un dispositif « passe-partout »

Techniquement, le système Crandy, développée par la société allemande NCS Mobile Payment Bank GmbH (Rolf Krause, l’associé de Philippe Lerouge, est allemand), se présente sous la forme d’un ensemble de serveurs vocaux et SMS.

Pour activer son compte, l’usager appelle, depuis son mobile, un numéro de téléphone fixe non surtaxé. Pour le créditer, il utilise sa carte bancaire ou une carte prépayée. Et le numéro du téléphone portable sert d’identifiant pour les paiements (comme un café dans un distributeur Selecta d’une station-essence Agip). Lors des principales opérations, Crandy envoie un SMS de confirmation aux clients. Ces derniers peuvent à tout moment consulter le solde de leur compte à partir d’un serveur vocable (appel non surtaxé également) ou sur Internet.

L’avantage de cette technologie, un peu rudimentaire (ici, il n’y a pas de carte à puce, RFID ou NFC), est de pouvoir fonctionner sur n’importe quel téléphone mobile. « Crandy marche quelle que soit la technologie du portable », insiste Philippe Lerouge.

Une commission sur les transactions réalisées via mobile

Crandy (ou plus exactement sa maison-mère, NCS Mobile Payment Bank GmbH) bénéficie d’une licence de monnaie électronique, qui lui a été accordée par BaFin, l’Institut Fédéral Allemand pour la Supervision des Services Bancaires.

« Cette licence, valable dans toute l’Europe, permet aux utilisateurs de transférer de l’argent vers un autre téléphone, de rapatrier de l’argent depuis leur compte Crandy vers leur compte bancaire et de payer chez n’importe quel commerçant », résume Philippe Lerouge. Moneo, en France, et PayPal (sa licence a été délivrée, pour l’Europe, en Grande-Bretagne) possèdent une licence similaire.

Financièrement, le modèle économique de Crandy est très simple : NCS Mobile Payment Bank GmbH prélève une commission sur chaque transaction. « Ce pourcentage varie de 1 à 5% », affirme Philippe Lerouge. Enfin, commercialement, Crandy compte sur un réseau de partenaires revendeurs ou apporteurs d’affaires pour étendre sa couverture.

Horodateurs virtuels

Pour le « vending » (les automates de vente), des accords ont été passés avec non seulement Selecta, mais également avec Lyovel et Distrimatic, d’autres grands noms de ce secteur en Europe.

Pour les places de stationnement et de parking, Crandy est associé à Parkeon (une ancienne filiale de Schlumberger, aujourd’hui propriété de Barclays Private Equity), un des leaders mondiaux du stationnement municipal.

« Par exemple, à Gand, en Belgique, nous avons développé un système d’horodateurs virtuels, grâce auquel un automobiliste peut entièrement payer son stationnement par téléphone mobile », décrit Philippe Lerouge. Et pour le paiement chez les commerçants, un partenariat a été noué avec First Data International, spécialiste du paiement électronique.

Enfin, Crandy propose en marque blanche sa technologie à des banques ou des opérateurs de téléphonie mobile. Le système peut également gérer n’importe quel programme de fidélisation récompensé par des chèques-cadeaux ou des couponings.

Une substitution au NFC

Au total, des projets sont en cours dans toute l’Europe, en Egypte et dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Mais pour l’instant, Crandy recenserait 400 000 comptes activés (répartis de la manière suivante : 320 000 en Allemagne, 40 000 en France et 40 000 en Belgique). Impossible, par exemple, de connaître le nombre d’utilisateurs actifs (ceux qui ont réalisé une transaction au cours des 30 derniers jours).

Le défi pour Crandy est de parvenir à devenir un acteur incontournable du paiement par mobile, avant le déploiement de la technologie NFC (Near Field Communication). Les mobiles NFC, qui devraient se généraliser à l’horizon 2009, émulent le fonctionnement d’une carte sans contact et peuvent alors servir de supports sécurisés pour le paiement.

En France, une expérience pilote, associant le Groupe Crédit Mutuel – CIC, NRJ et Sagem, est en cours à Strasbourg depuis novembre 2006. Crandy, pour sa part, participe à une expérience NFC sur une ligne de bus, gérée par Veolia Transports, entre Marseille et Aubagne, dans les Bouches-du-Rhônes.

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