MandrakeSoft joue sa dernière carte
Gêné par ses erreurs stratégiques passées, MandrakeSoft vient de se déclarer en cessation de paiement. Pour autant, le seul distributeur français de Linux espère rebondir et maintient son calendrier de lancement de produits. La tendance actuelle à la pénétration de Linux dans les entreprises devrait l’y aider.
Ce qui circulait mercredi 15 janvier sous forme de rumeur a été confirmé le lendemain par l’intéressé : l’éditeur français de distributions Linux MandrakeSoft « a pris la décision de se déclarer en cessation des paiements, déclaration qui a eu lieu le 13 janvier 2003 », indique un communiqué de presse. « Cette déclaration devrait être suivie par la décision du tribunal de placer l’entreprise en période d’observation pour une durée d’au moins 3 mois. Pendant cette période, avec l’assistance d’un administrateur judiciaire, MandrakeSoft pourra renégocier son passif, achever sa restructuration et préparer un plan de continuation qui sera présenté au tribunal de commerce »
Depuis plusieurs mois, il était de notoriété publique que l’éditeur traversait de graves difficultés financières. Depuis notamment une curieuse initiative : le lancement courant 2002 d’une souscription auprès de ses utilisateurs. L’opération était censée lui permettre de passer l’année 2002. Renouvelé à l’approche des fêtes, l’appel ne semble pas avoir reçu l’accueil escompté : d’après le site en ligne britannique The Register, qui s’est procuré un e-mail signé Francois Bancilhon, récent directeur général de MandrakeSoft, le passif se monterait à 2 millions d’euros. Dans son communiqué, MandrakeSoft ne donne aucun chiffre mais affirme que « le redressement de l’entreprise continue : les résultats du trimestre octobre-décembre 2002 confirment l’amélioration des comptes sous l’effet combiné de la croissance de la marge brute et de la réduction des dépenses ».
Changements de cap
De fait, MandrakeSoft paye encore les dividendes des errements stratégiques passés, consécutifs au recrutement en 2000 au poste de PDG d’un Américain qui avait alors repositionné la société sur le secteur de l’e-learning. Repositionnement qui avait été assorti d’un plan d’affaires peu réaliste dans le style de ceux que pratiquaient alors les start-up Internet. Au printemps 2001, Jacques Le Marois, fondateur de la société, reprenait le contrôle de l’entreprise qu’il recentrait sur son métier d’origine, l’édition de distributions Linux et la fourniture de services associés.
Ce modèle économique est-il viable ? Apparemment oui, puisque l’américain Red Hat, qui lui aussi tend à se rémunérer sur la prestation de services, annonçait y a quelques semaines avoir dégagé des bénéfices pour la première fois de son histoire. Aussi MandrakeSoft garde-t-il espoir et annonce que la déclaration de cessation de paiement ne devrait pas remettre en cause le calendrier de lancement des produits : « L’entreprise est maintenant concentrée sur la préparation de la 9.1, qui sera annoncée comme prévu en avril 2003. »