Martin Bouygues attaque la qualité du réseau Free Mobile
Le P-DG du groupe Bouygues a exposé aux étudiants de l’université Paris IX Dauphine sa vision de l’entrée fracassante de Free Mobile. On s’y attendait : il n’est pas tendre avec son nouveau concurrent.
La « forme d’amour particulière » qu’entretient Bouygues Telecom avec Free Mobile continue.
Mardi 9 avril, Martin Bouygues, P-DG du groupe Bouygues (maison-mère de Bouygues Telecom), est intervenu est dans le cadre d’une session universitaire à Paris IX Dauphine.
Il y a répondu à une question sur Free Mobile… Sans prendre de gants.
Free « a une base de clients et je peux vous le dire, même si c’est confidentiel, nous ne perdons plus de clients aujourd’hui et il commence à avoir des problèmes d’image, notre ami Free. »
Le ton pugnace utilisé par Xavier Niel, patron d’Iliad-Free, lors du lancement de son offre mobile le 10 janvier laisse des traces : « On a traité nos clients de pigeons, etc. Il faut voir le service qui est offert par Free qui est une calamité » , a commenté Martin Bouygues selon les propos repris via Satmag.fr.
Il fait référence aux coupures de service observés et à la mauvaise qualité du réseau en heure de pointe dévoilée récemment par Capital.
Un problème auquel Free Mobile est censé s’atteler.
Au-delà du réseau, c’est le business model de l’opérateur mobile créé par Xavier Niel qui laisse Martin Bouygues perplexe.
« Le prix que fait Free n’est pas le résultat de la productivité d’une usine que Free aurait fabriqué. Pas du tout. »
« Il achète le produit à Orange dans des conditions qu’on ne connaît pas et il revend à des conditions qu’on connaît. De ce que je sais, ça ne laisse pas beaucoup entre les deux. »
Par exemple, il se demande quelle marge peut faire Free sur son forfait à 2 euros, ce qui fait 1,60 euro hors taxes.
Selon lui, ce sont les frais cachés « qui assassinent les clients. » Et il affirme que Bouygues Telecom s’est déjà aligné sur le forfait illimité Free Mobile à 20 euros.
Le P-DG du groupe Bouygues suggère un autre gros souci. « Construire un réseau mobile pour un milliard d’euros, c’est im-po-ssible. On peut raconter ce que l’on veut mais nous on sait ce que c’est. »
L’investissement déjà consenti par Iliad-Free est jugé nettement insuffisant : « 130 millions, c’est zéro, c’est rien du tout, c’est peanuts, c’est une plaisanterie. »
« Sur la même période de référence 2010-2011, Bouygues Telecom, qui est un réseau mobile déjà déployé, a dépensé 1 milliard en investissement de maintenance et de complément de couverture et de upgrade technologique. »
Dans une industrie à coûts fixes, l’entrée de ce « pseudo-MVNO« , qui dispose d’un contrat présumé privilégié avec Orange, lui permettrait d’adopter une structure de coûts variables qui va « détruire le marché« , affirme Martin Bouygues.
Alors les difficultés de services rencontrés par Free Mobile, c’est un peu le retour de manivelle. Ce qui n’est pas pour déplaire à Bouygues Telecom :
« On est dans une course où l’on revient dans une compétition normale où il faut séduire les clients pour leur offrir un vrai service, un vrai produit et des offres compétitives. »
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