Mastodon : cet autre GNU Social qui décentralise le microblogging
Prônant, dans la veine de GNU Social, une vision libre et décentralisée du microblogging, Mastodon suscite le buzz sur la Toile.
D’autres avant lui ont exploité le standard OStatus et ses protocoles qui permettent de distribuer des mises à jour de statuts sur un réseau*, mais il est le premier du genre à susciter un tel buzz : Mastodon monte en puissance, sous la bannière de l’alternative libre et décentralisée à Twitter.
En l’espace d’une semaine, le nombre de comptes ouverts sur le principal nœud du réseau a quasiment doublé. Tant et si bien que les enregistrements y ont été suspendus à l’initiative d’Eugen Rochko.
À l’origine du projet, ce développeur indépendant invite les internautes à s’inscrire sur d’autres serveurs parmi les quelque 250 qui forment actuellement le « fediverse ».
Ce mot-valise, contraction de « federation » et « universe », illustre la philosophie de Mastodon : permettre à quiconque d’héberger une plate-forme de microblogging et permettre à toutes ces communautés d’interagir.
Chacune d’entre elles constitue un point d’entrée dans le réseau. Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’autorité centrale. Le fonctionnement rappelle celui de l’e-mail : l’utilisateur choisit un serveur sur lequel il ouvre son compte, mais peut communiquer avec tout autre détenteur d’une adresse électronique.
Le vivier Social GNU
Eugen Rochko, qui accepte les donations par PayPal, en bitcoins et via la plate-forme de micro-dons Patreon, assure n’avoir aucune intention de monétiser le service, d’y intégrer de la publicité et de le financer en sollicitant des fonds d’investissement. Il rappelle l’importance, pour la communauté, de se dispatcher entre les serveurs pour éviter les pics de charge et faciliter la modération.
Un certain nombre de nœuds sont déjà en place grâce à la compatibilité avec Friendica, Hubzilla ou encore Diaspora. Autant d’implémentations alternatives de Social GNU dont Mastodon fait aussi partie.
De Twitter, on retrouve l’interface (plus précisément celle du client TweetDeck), l’authentification à double facteur, ainsi que la possibilité de signaler, de bloquer ou de mettre « en sourdine » des utilisateurs.
Mastodon ne propose ni sondages, ni messages directs, ni citations. Il n’est pas non plus possible, en l’état, de changer de nom d’utilisateur, de gérer plusieurs comptes à la fois et de rechercher autre chose que des hashtags.
En revanche, la limite est fixée à 500 caractères par « pouet » (« toot » en anglais ; suggéré par l’un des mécènes sur Patreon), la visibilité de chaque publication peut être paramétrée indépendamment et les GIF sont pris en charge pour les images de profil.
API : c’est ouvert aussi
Surtout, Mastodon assure n’opérer aucun suivi à des fins commerciales (les cookies utilisés le sont notamment pour retenir les préférences de l’utilisateur) … et son code est en open source. L’API qui lui est associée a déjà donné naissance à des clients comme Amaroq sur iOS et Tusky sur Android. Mais aussi à des modules comme tooter, qui permet d’ajouter des boutons de partage sur les pages Web.
Associant React.js et Redux en front avec Ruby on Rails pour le back, Mastodon est depuis peu déployable sur Docker. Les serveurs actifs sont classés selon trois critères principaux : taux de disponibilité, HTTPS et prise en charge de l’IPv6.
Le cap du million de toots vient d’être franchi sur l’instance principale (« Flagship »), qui ressort en tête dans les principaux moteurs de recherche pour les requêtes sur le terme « Mastodon ».
* Mastodon utilise WebFinger pour récupérer des informations sur les personnes. Il exploite les flux Atom avec plusieurs extensions et outils dont PubSubHubbub pour gérer les souscriptions et Salmon pour présenter des contenus à des utilisateurs en particulier.