Un ticket de plus dans l’univers FinTech pour le Crédit Mutuel Arkéa.
Quelques semaines après avoir mis ses billes dans la société Finansemble et son robo-advisor exploité sous la marque Grisbee, le groupe de bancassurance donne dans la transmission patrimoniale en montant à 18,3 % du capital de La Compagnie Française des Successions.
La SARL parisienne fondée en 2011 par Olivier Noël et Arthur Jacquemin – qui s’étaient auparavant côtoyés au sein de l’agence marketing Quintess – est à l’origine de Masuccession.fr.
Elle revendique « 10 000 situations traitées » avec ce service en ligne qui permet aux particuliers d’estimer le montant de leurs frais de succession, puis éventuellement d’obtenir des recommandations pour les réduire et d’être mis, à cet effet, en relation avec des professionnels.
La somme injectée par le Crédit Mutuel Arkéa n’est pas communiquée. Tout au plus Olivier Noël nous confie-t-il que le montant global de la levée est « inférieur à 1 million d’euros », en tenant compte de la participation de plusieurs business angels dont Damien Guermonprez , directeur général de Lemon Way.
Au-delà des objectifs chiffrés (10 000 nouveaux clients en 2017 et la production de 1 000 « recommandations digitales »), il s’agira de creuser la dimension du conseil, en s’appuyant notamment sur les technologies d’apprentissage machine.
Un avenir tout en algorithmes ? La Compagnie Française des Successions ne semble pas en prendre le chemin. Le point 14 de ses CGU en témoigne : il y est spécifié que l’intervention de la société « se limite à une prestation technique en mettant à disposition du membre des logiciels […] » et qu’« en aucun cas, les informations fournies par le logiciel ne sauraient être constitutives de recommandations personnalisées ».
Pour cela, il y a des « ingénieurs patrimoniaux » qui interviennent en amont d’une éventuelle mise en contact avec des experts bancaires. L’idée à terme est de gagner en indépendance vis-à-vis de ces experts en proposant, directement sur Masuccession.fr, les produits financiers adéquats. Une annonce est prévue pour mars – avril.
La Compagnie Française des Successions ne s’interdit pas d’intervenir sur d’autres problématiques, à l’instar de l’ISF, dont les recettes ont dépassé 5 milliards d’euros en 2015 selon des chiffres de la Direction générale des finances publiques.
Mais pour Olivier Noël, le chantier est déjà vaste en matière de successions, à l’heure où se pose la question de la répartition générationnelle du patrimoine dans nos sociétés vieillissantes.
Démembrement de propriété, changement de régime matrimonial, donations en franchise de droits, abattements temporaires, création d’une SCI… Les leviers exploitables pour réduire ses frais de succession sont nombreux (confer le dossier des Échos sur le sujet).
Reste que, comme le fait remarquer France Stratégie dans un rapport (document PDF, 12 pages) publié la semaine passée, la fiscalité dans le domaine « reste largement méconnue du grand public […] en raison de la complexité et de la faible lisibilité des prélèvements sur les transmissions »*.
L’institution rattachée au Premier ministre évoque un « enjeu majeur » pour la société française. Non seulement de par le vieillissement des générations du baby boom et la hausse subséquente des montants transmis chaque année, mais aussi le différentiel de croissance entre les patrimoines et les revenus.
Entre 1980 et 2015, la valeur réelle du revenu disponible des ménages français a augmenté de 77 %, passant de 719 à 1 275 milliards d’euros. Dans le même temps, le patrimoine a bondi de 3 500 à 10 600 milliards d’euros.
Quelle approche pour Masuccession.fr ? Olivier Noël parle de « liquéfaction du patrimoine ». Ou comment je peux commencer à transmettre de mon vivant, pour réinjecter de la valeur dans l’économie. Une statistique appuie ce propos : chaque année en France, 8 000 PME à transmettre disparaissent soit par manque d’anticipation, soit en raison du décès du chef d’entreprise.
Dans la pratique, La Compagnie Française des Successions dit être parvenue à réduire de 545 000 à 147 000 euros (- 73 %) les frais de succession d’un dirigeant d’entreprise qui, en plus de son patrimoine privé, détient 30 % des actions de sa SAS non cotée (valeur : 1,8 millions d’euros). On a également l’exemple d’un couple de retraités passé de 112 000 à 0 euro de frais dans le cadre de la transmission de liquidités et de parts de SCPI à leurs petits-enfants.
Les interventions sont facturées « au maximum » à 3 % des économies réalisées.
* Depuis la loi du 15 juin 1791, c’est la part reçue par l’héritier qui est taxée, à un taux fonction du degré de parenté avec le défunt (modéré pour les enfants ; plus élevé pour les autres). La dernière réforme structurelle d’envergure remonte à 1901, avec une variation des frais selon le montant de la part transmise.
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