Jamais avare d’idées novatrices, l’imaginatif Michael Robertson rebondit sur la lettre ouverte de Steve Jobs demandant aux majors d’abandonner les DRM (Digital Rights Management ou gestion des droits numériques) sur les fichiers de musique distribués en ligne. Et c’est au tour du patron de Linspire, MP3Tunes, SipPhone ou encore Reef, de soumettre ses requêtes au patron d’Apple.
Après avoir salué le succès d’iTunes et rappelé combien il partage l’idée d’ouvrir les formats de fichiers musicaux (notamment) pour assurer leur interopérabilité, Michael Robertson invite Steve Jobs à passer à l’action. Histoire de prouver que les propos tenus ne sont pas des paroles en l’air. Et comme ce pionnier du Net américain sait pertinemment que les majors ne vont pas céder aux sirènes de Steve Jobs, il émet ses propres recommandations pour rendre accessible au plus grand nombre les fichiers commercialisés sur iTunes Store.
Il demande donc à l’initiateur de l’iPod de vendre des fichiers MP3 issus des catalogues des labels indépendants prêts à faire une croix sur les mesures de protection techniques. « Ils représenteront une minorité de fichiers, mais selon votre lettre, les majors contrôlent seulement 70% de la musique distribuée », précise Michael Robertson. « Par conséquent, si un pourcentage significatif du reste est disponible au format MP3, cela aurait un impact certain. » En proposant, mi-janvier, leur catalogue de plusieurs dizaines de milliers de MP3, FnacMusic et Virgin Mega n’ont pas fait autre chose en France.
Rendre iTunes compatible avec les plates-formes PM3
Deuxième requête que Michael Roberton soumet à Steve Jobs : publier les formats de la base de données d’iTunes Store afin que n’importe quel logiciel de lecture de fichiers musicaux puisse exploiter les titres commercialisés par Apple.« En publiant la structure de la base, ces gestionnaires de musique pourraient dialoguer avec les iPod. Cela ne signifie pas qu’il faut ouvrir les DRM qui protègent chaque fichier musical, ainsi, cela n’affecterait d’aucune façon la sécurité », estime Michael Robertson.
Et puisqu’on en est à ouvrir des formats, autant ouvrir l’accès à iTunes. L’ambitieux entrepreneur invite Apple à communiquer le langage ou une API qui permettrait aux nombreuses plates-formes MP3 (eClassical, Magnatune, Broadjam, Wippit…) d’accéder au logiciel iTunes. « Cela leur permettrait de vendre des chansons qui se chargent directement dans iTunes et de là, de le synchroniser avec l’iPod. » Enfin, le fondateur de MP3.com suggère, une nouvelle fois, de porter iTunes sur Linux. « Linspire, ma compagnie Linux, s’occuperait gratuitement de l’ingénierie, au cas où les ressources technogiques seraient un problème [pour Apple] », ironise-t-il.
Pas mal pour l’homme qui a embauché Jon Lech Johansen alias DVD Jon, un adolescent (à l’époque) qui s’était rendu célèbre pour avoir mis à jour le DeCSS, quelques lignes de code permettant de contourner les chiffrements des DVD vidéo afin de pouvoir les lire sous Linux. DVD Jon a poursuivi ses frasques plus récemment en » crackant » Faiplay, la technologie de protection des fichiers d’iTunes Store. Il faut dire que, même si ses propositions sont réfléchies et pleines de bon sens, Michael Robertson n’en est pas à sa première provocation. Il avait notamment défié Microsoft en lançant une distribution Linux baptisée Lindows… qu’il a revendu 20 millions de dollars à la société de Redmond. Lindows est devenue par la suite Linspire. Michael Robertson ne manque décidément pas d ‘inspiration.
RDDV salue également l’initiative de Steve Jobs |
Par voie de communiqué, le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres s’est réjoui de l’initiative d’Apple d’inciter les majors à libérer leurs chansons. Curieux de la part d’un ministre qui a soutenu contre vents et marées la loi DADVSI validant l’usage des DRM pour protéger les oeuvres artistiques. Mais selon le ministre, cette demande n’est pas incompatible avec la loi. Les MP3 récemment affichés aux catalogues de Fnac Music et Virgin Mega « démontrent que la loi n’avait rien interdit mais bien tout rendu possible ». Le ministre rappelle cependant que d’autres modèles d’accès à la culture, comme la vidéo à la demande ou l’écoute illimitée, » sont rendus possibles par des mesures techniques de gestion de droit ». Chassez le naturel… |
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