L’éditeur canadien Corel vient d’annoncer le rachat de Micrografx. L’acquisition s’effectuera, après accord de l’actionnariat de Micrografx, par échange d’actions pour un montant total de 32 millions de dollars (37,44 millions d’euros). Cela avant le 30 novembre 2001, fin de l’année fiscale de Corel. Pour l’éditeur de CorelDraw, cette transaction s’inscrit dans la première des trois phases de développement de l’entreprise. Cette première étape consiste à renforcer sa position sur le marché des applications graphiques tout en élargissant sa base d’utilisateurs et en poursuivant le développement de solutions d’entreprises. En ce sens, Micrografx, qui développe des applications graphiques (Picture Publisher et Micrografx Designer notamment) et des solutions de production à l’échelle de l’entreprise (la suite Enterprise Process Management), apporte sa pierre à l’édifice.
Une stratégie mal définie
Plus floues, les deux autres phases consistent à développer des applications Web à travers les produits existants et à venir, ainsi que des outils destinés aux marchés émergents comme la communication sans fil et les services Web. Ces derniers faisant probablement référence aux services .Net de Microsoft qui avait injecté 135 millions de dollars (157,95 millions d’euros) l’année dernière (voir édition du 3 octobre 2000). Quant au reste, Corel n’a pas encore dévoilé concrètement sa stratégie qui semble se tourner vers l’entreprise plus que l’utilisateur individuel. Pour Micrografx, ce rachat est une aubaine. Descendue sous la barre du dollar, son action avait été retirée des cotations du Nasdaq en avril dernier. Et son dernier rapport financier, le 31 mars, révélait une perte de 1,5 million de dollars sur l’année.
La santé de Corel n’est pas au mieux non plus. L’éditeur canadien sort de deux années difficiles où ont alterné mauvais bilan, acquisition ratée de Inprise, démission du PDG (voir édition du 16 août 2000), développements incertains (WordPerfect 2002 en anglais uniquement, voir édition du 24 avril 2001), retrait des versions Mac OS (voir édition du 15 mai 2000) et abandon de la distribution Linux (voir édition du 23 janvier 2001). Le sauvetage par Microsoft est même parfois venu ajouter des incertitudes (voir édition du 23 février 2001). Bref, Corel a payé cher la recherche d’une trop grande diversification tout en étant incapable d’assumer un développement rapide. Pour convaincre, l’éditeur canadien devra éclaircir sa stratégie.
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