Microsoft aux petits soins pour le Mac
Dans un mouvement de fuite en avant sans précédent, Microsoft étend intensivement sa stratégie de présence sur le Mac. Le directeur général de sa section Mac confirme qu’Office 10 ne sera disponible que sur la plate-forme d’Apple. Windows Media Player passe à X également. Et la stratégie .Net de la firme est étendue au Mac. Bill Gates, le meilleur ami d’Apple aujourd’hui ?
Alors même que Mac OS X n’a pas encore atteint son potentiel le plus élevé, voilà Microsoft au coeur de la mêlée avec trois initiatives d’envergure. Tout d’abord, Office 10 ne sera disponible que sur le Mac ! Rengaine habituelle de Kevin Brown, responsable de l’activité Mac à Redmond (voir édition du 21 juillet 2000). La suite bureautique va tirer avantage de toutes les fonctionnalités du nouveau système d’Apple. Pêle-mêle, les ressources d’Aqua sont mises à contribution (plus de 800 boîtes de dialogues, 700 icônes), les Carbon Events qui déclenchent des actions automatiquement (économie de la batterie quand Office est utilisé sur portable par exemple), le moteur de rendu graphique Quartz utilisé intensivement (transparence, lecture des graphiques) ou encore l’utilisation des ressources QuickTime. Mais Microsoft ajoute aussi ses propres fonctions comme la sélection de textes multiples dans un même document, qui permet de sélectionner plusieurs pavés de texte simultanément à différents endroits d’un même texte (voir édition du 11 janvier 2001). Browne prend le Mac très au sérieux : « Nous voulons que les utilisateurs soient en mesure de montrer Office 10 à leurs amis et à leurs clients et qu’ils disent que c’est la raison pour laquelle il faut passer à Mac OS X. (…) Microsoft ne s’éloigne jamais de l’opportunité de faire de l’argent et la plate-forme Mac génère de l’argent. Il y a beaucoup de fans du Mac, de sorte que vous pouvez vous attendre à de fortes relations continues entre Microsoft et Apple. » Un message fort pour tous ceux qui auraient peur que Microsoft se désiste maintenant après un effort soutenu qui aura duré quatre ans, depuis que Bill Gates a investi 150 millions de dollars dans Apple.
Windows Media Player face à QuickTime et Real
Deuxième initiative de Microsoft : Windows Media Player pour Mac OS X est également disponible en préversion. Le lecteur est carbonisé (il fonctionne dans l’environnement de transition de Mac OS X, mais aussi sur les anciens systèmes à partir de Mac OS 8.1). Il supporte la technologie DRM (Digital Right Management) de Microsoft qui permet d’acheter en ligne des morceaux de musique ou des films protégés par des droits. Le lecteur fonctionnerait dans les meilleures conditions possibles sur tous types de bandes passantes et fournirait un son de qualité CD à 64 kbits/s. L’équipe de Microsoft, en passant aussi rapidement ce lecteur sur Mac OS X, vient se battre directement sur les terres d’Apple et de son lecteur QuickTime, mais poursuit aussi sans l’ombre d’un doute une stratégie de débordement de son plus féroce concurrent Real.
Et ce n’est pas tout : interrogé par eWeek sur la stratégie .Net de Microsoft, Kevin Browne s’est empressé de spécifier que celle-ci serait étendue au Mac, même si pour le moment il était trop tôt pour en expliquer la manière. Il réfléchit encore aux implémentations possibles, tout en expliquant qu’une des voies serait de fournir une version spécifique de logiciel accédant aux ressources réseau. Et de prendre l’exemple de la vente d’un paquet Office 10 qui permettrait d’accéder aux ressources mises en lignes sur les serveurs de Microsoft. Reste qu’il y aura certainement un ou deux trains de retard par rapport aux solutions Windows . Ces indiscrétions révèlent quand même une chose : Microsoft, comme tous les intervenants majeurs du secteur de l’informatique, cherche des relais de croissance profitables. Ceux-ci n’existent pas de la même manière dans le monde PC : les marges y sont beaucoup plus réduites que dans l’univers Mac, où les utilisateurs sont également de fidèles clients et des consommateurs dynamiques (ce qui en langage clair signifie « prêts à payer plus cher »). L’heure n’est décidément plus à la guerre entre Microsoft et Apple.