Évolution des espaces de travail, rapprochement entre les directions métiers, nouvelle conception de la productivité sous le prisme du collaboratif… On perçoit plusieurs marqueurs forts de la transformation numérique en entreprise.
Le cloud en est un autre. Son adoption reste disparate, tout particulièrement dans les plus petites structures, mais la migration s’accélère, avec des revenus annuels de plusieurs milliards de dollars pour les principaux acteurs du marché.
Dans le cadre de son événement Convergence EMEA 2015 organisé à Barcelone, Microsoft a fait le point sur son positionnement et sa stratégie dans ce domaine d’activité.
Des pépinières de start-up à la mise en application du machine learning, il y en a pour tous les goûts. Un concept émerge néanmoins : le « cloud intelligent », défini comme une plate-forme souple, capable de s’adapter aux politiques de sécurité et de confidentialité, de s’aligner sur les différents environnements réglementaires et d’offrir une disponibilité maximale.
Dans la pratique, le basculement vers le cloud est souvent motivé par des questions de coûts : pas d’infrastructure à gérer, un provisionnement dynamique des ressources pour coller aux besoins, un paiement échelonné…
Microsoft met plutôt l’accent sur les possibilités en matière de collecte, de traitement et d’analyse de données.
« Je suis surpris de constater, chez tant de clients, une sous-exploitation de la data […], y compris celle qu’ils possèdent déjà », assure Alain Bernard, directeur de la division PME/PMI et partenaires pour la branche française de l’éditeur.
Il faut dire que les rôles ne sont pas toujours clairement établis. Qui prend le sujet en main et avec quel périmètre d’action ? Qui pilote les changements consécutifs à l’évolution des politiques, notamment en termes de respect de la vie privée ?
Cette modification de l’organisation interne et du système d’information qui la sous-tend entraîne, pour l’heure dans les grands groupes, l’émergence d’une fonction de CDO, pour « chief data officer ».
Du côté des PME, un schéma d’adoption se dessine : on commence fréquemment par des services logiciels dans le cloud (SaaS, pour « Software as a Service »), avec en tête de liste la bureautique et la messagerie.
Suivent éventuellement le collaboratif et le CRM, mais la migration intégrale est encore rare, comme le confirme Jérôme Bazin, P-DG d’Isatech, société spécialisée dans le conseil et l’intégration de systèmes d’information.
Microsoft en a conscience et fait une promesse : tous ses produits resteront déployables sur site. Il est même, selon Alain Bernard, prévu de lancer une version boîte d’Office 365 qui pourrait être associée à une tablette.
Sur la question du cloud, reste à convaincre non seulement les utilisateurs finaux en entreprise, mais aussi les consommateurs, y compris en les intégrant dans le processus de création des services.
« Les sociétés, privées ou publiques, devront pouvoir démontrer que le cloud n’est pas qu’une menace pour les données personnelles », explique Robert Madelin, conseiller en innovation auprès du Centre européen de stratégie politique.
En donnant la parole à cet expert de l’IT et des télécoms proche de Bruxelles depuis plus de 20 ans, Microsoft adresse un signe fort, dans la lignée de son engagement en faveur de « la sécurité, la confidentialité, la conformité [par pays, par industrie, par processus] et la transparence ». Non sans reconnaître que l’économie de la donnée est complexe, le numérique n’ayant pas de frontières.
C’est en ce sens que s’exprime Scott Guthrie. Présent à Barcelone, le vice-président exécutif de la division Cloud & Enterprise chez Microsoft joue d’euphémismes pour faire passer le message: les dirigeants politiques ne saisissent pas toujours les enjeux des nouvelles technologies. Et de citer l’exemple du bitcoin, avant d’élargir son propos à l’ensemble des monnaies virtuelles.
Il est d’autant plus difficile de placer le curseur que le point de vue du département juridique sur le traitement des données ne sera probablement pas le même que celui du pôle marketing.
Un enjeu auquel s’est frotté le Real de Madrid. La section football du club omnisports (qui compte également des équipes professionnelles de handball et de basket-ball) a centré sa transformation numérique sur l’amélioration de la relation client.
Objectif : créer de nouveaux modèles économiques en personnalisant la relation multicanale avec 450 millions de fans revendiqués. Le véritable défi : cette base est éparpillée dans le monde entier. La solution : exploiter la capacité de montée en charge du cloud, via le CRM Dynamics en association avec l’outil décisionnel Power BI.
Une bonne dose de machine learning permet de gérer les droits de diffusion dans chaque pays, ainsi que des éléments comme le décalage horaire.
Des partenaires comme Adidas s’en servent pour adapter leur message au public : aux fans basés en Colombie, on montrera en priorité les dernières actualités de leur compatriote James Rodriguez. Les Portugais seront plutôt orientés vers Cristiano Ronaldo.
Le Real de Madrid CF utilise Dynamics CRM en jonction avec Office 365 et des scénarios d’apprentissage automatique qui, selon le directeur « nouveaux médias » Rafael de los Santos, « évite d’embaucher un data scientist »…
Dans le même ordre d’idée, lle réseau bancaire Metro Bank, qui compte aujourd’hui 39 agences, 180 collaborateurs… et 350 000 clients dont l’expérience a été « digitalisée » sur plusieurs aspects. Par exemple avec la mise à disposition de tablettes tactiles aux guichets. Assez pour « économiser de l’ordre de 3 à 4 millions d’euros en papier », d’après le directeur commercial Paul Riseborough.
Metro Bank se penche actuellement sur le potentiel de Power BI pour élargir l’analyse du parcours client tout en contrôlant l’usage de ses applications mobiles et en améliorant la collaboration en interne.
C’est dans le même esprit que Caterpillar combine l’ERP Dynamics AX avec la plate-forme IoT Suite, destinée à mettre en place des systèmes distribués pour l’Internet des objets.
Principal usage de ce cocktail : la maintenance prédictive sur les engins de chantier. Avec une particularité : des solutions « faites maison » via PowerApps.
Cette nouvelle composante d’Azure est accessible en bêta privée depuis le 30 novembre 2015. Elle est censée permettre aux employés de créer, sans solliciter l’équipe technique, des applications multiplateformes connectées aux données de l’entreprise et que l’on peut partager entre collaborateurs.
Le processus se divise en trois étapes : sélection d’un modèle (suivi de budget, agenda de conférences…), connexion à une source de données et création automatique d’une application que l’on peut ensuite personnaliser.
Le système mis en place chez Caterpillar doit permettre de minimiser les interventions sur les engins de chantier tout en anticipant les pannes. Cortana est mise à contribution au même titre que Power BI pour la visualisation de données.
Les techniciens qui interviennent sur le terrain ont leur propre « PowerApp » qui leur permet de vérifier qu’ils ont bien la bonne machine sous les mains en scannant son code-barres, puis d’être informé sur la pièce à réparer et enfin de prendre une photo à tout moment.
« PowerApps est aux outils de développement actuels ce que Visual Basic était à sa sortie face à .NET », résume Nicole Herskowitz, directrice marketing pour la plate-forme cloud. Reste à voir qui l’utilisera concrètement.
Chez Microsoft, on a l’image d’un « power user » qui serait par exemple déjà capable de créer des macros pour Excel. Mais dans tous les cas, on insiste sur l’importance des partenaires dans l’écosystème Azure : « Ce sont eux qui créent la valeur ajoutée ».
Pour les accompagner dans leurs projets, Microsoft a monté un programme Cloud Solution Provider, régulièrement élargi. La dernière WPC (« Worldwide Partners Conference », organisée en juillet 2015) a été l’occasion de l’ouvrir, entre autres, au CRM.
Les partenaires peuvent provisionner des ressources, héberger leur service et fixer librement la facturation, tout en assurant la gestion et le support. Ils peuvent également obtenir des certifications permettant de déployer des clouds privés Azure, dans une approche hybride (Rackspace en est un exemple).
Une approche pragmatique, selon Alain Bernard : « En l’état actuel, rares sont ceux prêts à basculer intégralement dans le cloud public ».
La migration est progressive : toutes architectures confondues, Microsoft prévoit qu’à fin 2015 en France, 40 % de ETI auront lancé un projet, pour 25 à 30 % de PME/PMI.
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