Le modèle open-source amène à créer des produits instables et présente des risques de sécurité pour ses utilisateurs. Il peut même générer des logiciels incompatibles et, pire, il ne permet pas à une entreprise de construire un modèle économique sain. Tel est en substance le discours qu’a tenu Craig Mundie, vice-président chez Microsoft, à l’University’s Stern School of Business, ce jeudi. Ce n’est pas la première fois que l’éditeur de Windows exprime son (re ?)sentiment vis à vis des logiciels libres. Steve Ballmer, le Pdg, avait récemment qualifié Linux d’ennemi n° 1 (voir édition du 11 janvier 2001). Mais le discours du responsable de l’orientation stratégique de la firme sonne comme une réponse officielle de Microsoft sur la question.
Nous voilà désormais fixés, donc. Pourtant, par ses choix stratégiques, la firme de Bill Gates a pu laisser planer une ambiguïté, volontaire ou non. A commencer par l’investissement consenti dans Corel. En injectant 135 millions de dollars dans le capital d’une société concurrente (voir édition du 3 octobre 2000), tous les regards se sont tournés vers la distribution Linux de la firme canadienne. Une tactique pour mieux prendre le train en marche du succès grandissant de Linux ? Microsoft n’a jamais voulu s’expliquer. Quand, quelques mois plus tard, Corel annonçait vouloir se séparer de sa division Linux, tous les regards se sont tournés de nouveau vers Microsoft qui n’avait, supposait-on, investi que pour mieux se débarrasser d’un produit gênant. Corel a bien sûr démenti, expliquant qu’il n’avait plus les moyens de développer des applications pour la plate-forme inventée par Linus Torvalds (voir édition du 26 janvier 2001)… à l’heure où nombre d’acteurs du secteur, à commencer par IBM, investissent des millions de dollars dans le développement des technologies Linux. Certes, il faut éviter l’amalgame Linux et open source. Le premier est un système d’exploitation distribué dans les conditions du second. L’open source exige, en résumé, de livrer l’application avec son code source modifiable à volonté.
Shared source contre Open source
Pourtant Microsoft avait commencé à ouvrir son code source, à quelques clients triés sur le volet seulement (voir édition du 8 mars 2001), ce qui laissait supposer un pas vers l’open source. Mais les restrictions de cette démarche, dont l’interdiction de modifier le code, ne fait qu’éloigner l’éditeur du monde du libre. C’est ce que Microsoft appelle le shared source. Pourtant, le géant de Redmond ne peut ignorer plus longtemps le modèle open source systématiquement associé à Linux, système d’exploitation qui séduit de plus en plus d’entreprises pour ses qualités technologiques, l’indépendance qu’il assure vis-à-vis d’un éditeur et, accessoirement, son faible coût à l’acquisition. Bref, un concurrent, pour ne pas dire un danger, pour Microsoft. Si la stratégie en forme d’attaque est donc logique de la part de l’éditeur de Redmond, elle en révèle du même coup la crainte et donc les faiblesses.
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