Microsoft dévoile SQL Server 2005 et Visual Studio 2005
Le gestionnaire de données de Microsoft se veut plus performant, mieux sécurisé et encore plus intégré à la plate-forme de développement.
C’est dans la soirée de ce lundi 7 novembre (heure française) que Steve Balmer, le patron de Microsoft, lancera en grande pompe à San Francisco SQL Server 2005 et Visual Studio 2005. Deux produits phares de la stratégie de développement de Microsoft et les premiers d’une pluie de nouveautés qui devraient jalonner la fin de l’année 2005 et 2006, et dont le bouquet final sera l’arrivée de Windows Vista et Microsoft Office 12 (voir édition du 28 septembre 2005). Le lancement français des nouveaux outils aura lieu le mardi 8 novembre au Carrousel du Louvre et se poursuivra à Lyon le 13 décembre (Espace de la Tête d’Or). Quant aux versions françaises des produits (moins primordiales que pour une suite bureautique ou un système d’exploitation, il est vrai), elles sont attendues au cours du premier trimestre 2006.
Cinq ans séparent SQL Server 2005 (nom de code Yukon) de sa précédente version. De l’aveu même de Renaud Marcadet, chef de marché plate-forme chez Microsoft France, « c’est long, on le constate par rapport à la demande du marché ». Les raisons de ce délai sont multiples. D’abord, les discussions autour de l’intégration de la CLR (Common Language Runtime) ont pris plus de temps que prévu. L’enjeu méritait en effet qu’on s’y attarde puisque la CLR permet désormais aux développeurs de choisir le langage de programmation des applications (C#, VB.NET ou Transact-SQL).
Sécurité renforcée
La sécurité a été le second facteur de ce retard. Même si SQL Server 2000 « est très bien positionné » par rapport à son concurrent Oracle avec seulement une mise à jour critique en cinq ans et des correctifs à jour, Microsoft voulait « aller plus loin avec SQL Server 2005 », soutient Renaud Marcadet. Dans le cadre du programme Trustworthy Computing, lancé en 2002 par Bill Gates afin de faire de la sécurité des systèmes la priorité des développements (voir édition du 17 janvier 2002), certains modules du gestionnaire de base de données ont été entièrement réécrits comme le module d’intégration de données ETL (Extract Transform and Load). De plus, à l’installation, l’application est désormais sécurisée au maximum par défaut. Enfin, les développeurs de SQL ont attendu l’arrivée des derniers standards en matière de services Web (HTTP, XML, SOAP, XQuery, XSD). Le responsable tempère cependant la longueur de l’attente en rappelant que des évolutions de SQL Server 2000 ont vu le jour entre-temps avec CE, Report Server et le support du 64 bits.
Les nouveautés ne s’arrêtent pas là. Trois grands axes de développements caractérisent Yukon : les performances, le décisionnel et le développement. Côté performances, les améliorations portent sur le clustering, le mirroring (qui assure une haute disponibilité notamment lors d’interruptions non programmées), la possibilité d’effectuer des travaux de maintenance à chaud et une restauration plus rapide. « SQL Server 2005 va permettre à nos partenaires intégrateurs d’atteindre le même niveau de disponibilité que ceux de Microsoft en interne », avance le responsable en référence aux Bourses de Londres et du Nasdaq, équipées de SQL Server 2000 mais directement optimisées par les équipes de Microsoft.
Support natif du XML
Outre la réécriture du module ETL, les améliorations apportées au décisionnel passent par des services d’analyse, de recalcul, de rafraîchissement des données en temps réel et de création automatisée de rapport (Reporting services). « Cela permet notamment à un entrepreneur de suivre ses ventes en direct en fonction de l’état du stock », illustre Renaud Marcadet. Enfin, le choix multiple du langage de programmation (grâce à l’intégration du CLR) mais aussi et surtout le support natif du langage et des schémas XML va simplifier les développements d’applications autour de SQL Server. « 38 % des administrateurs de bases de données passent 25 % de leur temps à coder », rappelle le responsable de Microsoft, « SQL Server 2005 permettra notamment de mieux échanger les informations avec les développeurs. »
Un échange qui passera notamment par Visual Studio, la plate-forme de développement de Microsoft dont la version 2005 promet une meilleure productivité. « Visual Studio 2005 optimise les développements avec jusqu’à 70 % de lignes de code en moins à saisir par le programmeur », soutient Jihad Dannani, chef de produit Visual Studio chez Microsoft France, « ce qui ne veut pas dire qu’il y a moins de lignes de code ». Autre nouveauté : le déploiement à partir du .Net Framework 2.0, qui permet des mises à jour distantes par Internet « en cliquant sur un simple lien hypertexte ». Enfin, Visual Studio 2005 est présenté comme 40 % plus rapide et supporte le 64 bits.
Travail collaboratif renforcé
Mais de gros efforts ont été faits autour du travail en équipe, notamment avec la plate-forme Visual Studio Team System qui permettra de modéliser l’infrastructure d’hébergement afin de développer les projets en concordance avec ses contraintes et objectifs (gestion de configuration, du changement, des exigences, tests…). Team System est notamment paramétrable pour s’adapter à la démarche méthodologique de l’entreprise (et non l’inverse).
« Au dernier trimestre fiscal, les ventes mondiales de SQL Server ont progressé de 15 %, soit au moins deux fois plus que la concurrence », souligne Renaud Marcadet. Celui-ci reste confiant dans l’adoption future des nouveaux produits, notamment face aux offres d’Oracle et IBM (DB2), même si les chiffres qu’il évoque ne reflètent pas le marché français. « Nous corrigeons aujourd’hui le tir avec notamment la formation par e-learning de 3 000 personnes autour de SQL Server 2005. Il faut faire en sorte que les gens passent la première barrière. Je pense qu’une fois qu’ils auront goûté au produit, ils auront envie d’y revenir. » Selon IDC, le marché mondial des bases de données représentait en 2004 15 milliards de dollars et a été dominé par Oracle (41 %), puis IBM/DB2 (31 %) et Microsoft SQL Server (13 %).