La journée du 8 novembre restera comme une date importante dans l’histoire de Microsoft. Les marchés boursiers se sont joués des menaces judiciaires qui pèsent sur l’entreprise. Après avoir chuté de 7% à l’ouverture des cours, l’action s’est stabilisée à -1,7% en fin de séance. Une évolution prévisible dans la mesure où les analystes financiers avaient laissé entendre qu’une baisse serait un moyen d’acquérir des actions Microsoft à bon compte. Ils ont été écoutés et pas moins de 121 millions d’actions ont changé de main dans la journée. L’issue du procès semble encore lointaine et les investisseurs préfèrent miser sur le succès de Windows 2000, que Microsoft doit lancer en février prochain. Par ailleurs, une étude publiée par l’institut Zona Research confirme l’implantation du logiciel Internet Explorer, qui détient désormais 63% du marché, loin devant son rival Netscape Communicator.
S’ils ont montré une relative indifférence à l’égard de Microsoft, les marchés financiers ont soutenu plusieurs de ses concurrents. Mais les fortes hausses qu’ont connu Apple (9%), Corel (14%) ou Be (70%) à Wall Street trouvent autant leur origine dans la confiance accordée à la stratégie de ces entreprises que dans un contrecoup des déboires judiciaires de Microsoft. D’autres concurrents, comme AOL, Sun, Oracle ou Novell, ont connu des hausses beaucoup plus raisonnables.
Le chemin de Microsoft reste parsemé de nombreuses embûches qui pourraient malmener ses cours dans les prochains mois. Alors que certains responsables de l’entreprise semblent tentés de jouer la montre pour attendre les élections présidentielles américaines de l’année prochaine, les Etats qui appuient la plainte du ministère de la justice ont fait savoir avec fermeté qu’ils poursuivraient la procédure jusqu’à son terme même si le gouvernement devait jeter l’éponge. Microsoft doit également, en janvier prochain, affronter les foudres d’un autre tribunal, dans l’Utah, qui a été saisi par Caldera. Ce dernier accuse également Microsoft d’un abus de position dominante. Plus inquiétant, le rapport publié vendredi dernier par le juge Jackson sur l’abus de monopole pourrait servir de base à de nouvelles actions juridiques à l’encontre de l’entreprise. En Europe, le géant est toujours sous le coup de deux enquêtes menées par les services de la Commission de Bruxelles, après les plaintes déposées par un éditeur et un constructeur. Face à la multiplication des procédures, Bill Gates peine à donner de lui une image sereine. Mais sa confiance affichée dans l’issue du procès de Washington aura réussi à rassurer les marchés. Pour combien de temps?
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