Microsoft et Sun s’affrontent autour de Java

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Après la campagne de Sun dans les quotidiens américains, Microsoft riposte par un communiqué dans lequel il explique son choix de ne pas intégrer la machine virtuelle Java dans IE 6 et Windows XP. De son côté, un dirigeant d’IBM plaide pour Sun. La hache de guerre reste déterrée…

Sun et Microsoft entretiennent ouvertement des relations pas franchement cordiales. La semaine dernière, l’inventeur du langage Java publiait des pleines pages dans plusieurs quotidiens américains dont le New York Time et le Wall Street Journal, invitant les lecteurs à « demander que Microsoft inclue la plate-forme Java dans leur système d’exploitation XP ». A la mi-juillet, on apprenait en effet subitement que l’éditeur de Redmond n’inclurait la machine virtuelle Java (JVM) ni dans Windows XP, ni dans Internet Explorer 6 (voir édition du 18 juillet 2001). Ce jeudi 16 août, le vice-président technologie et stratégie chez IBM, Irving Wladawsky-Berger, interrogé par ZDNet lors de la conférence solutions techniques des développeurs IBM, indiquait que, selon lui, Microsoft devrait supporter le Java et qu’il ne comprenait pas pourquoi ce n’était pas le cas. « Je suis certain qu’ils possèdent leurs raisons pour ne pas supporter le Java, mais je ne les connais pas », assurait-il. « Nous pensons qu’ils devraient supporter Java », a-t-il confié avant de se montrer rassurant en expliquant : « Quoi qu’il arrive, je m’attend à ce que Microsoft soit notre plus gros partenaire du côté des services Web en développement. » IBM est considéré comme un fervent défenseur du Java.

Contre-attaque de Microsoft

D’après un article de CNet, Microsoft justifie sa décision dans un communiqué qui devrait bientôt être rendu public. Qualifiant la campagne de Sun d’« hypocrisie sans précédent » (« unparalleled hypocrisy »), Microsoft clame que « Sun Microsystems a fait tourner sa machine marketing à plein régime autour de Windows XP, en prétendant que Microsoft avait causé un préjudice à Sun, à Java et aux consommateurs en n’incluant pas la machine virtuelle Java dans Windows XP ». Le communiqué cité par CNet entend remettre les pendules à l’heure : « Il est temps de regarder les choses en face », peut-on lire. Microsoft tient à resituer le débat dans un contexte lourd de précédents. Sun, d’après l’éditeur, « a fait son possible pour empêcher Microsoft de livrer sa machine virtuelle Java. Ils ont passé plusieurs années à poursuivre en justice Microsoft afin de nous empêcher de livrer une machine virtuelle Java performante qui puisse tirer parti de Windows ». L’accord signé entre les deux « partenaires » en janvier dernier (voir édition du 24 janvier 2001) empêchait Microsoft de livrer une JVM autre que celle aujourd’hui vieille de quatre ans, la version 1.1.4, alors que la version actuelle est la 1.3.1. Un accord que Microsoft considère comme une manière déguisée d’écarter progressivement Windows de Java. « Sun a très vite assimilé l’accord à une grande victoire », souligne le communiqué de Microsoft, « Sun a eu ce qu’il voulait : la résiliation de la licence Java de l’époque et un accord impliquant que Microsoft se sépare de la JVM. » Du côté de Sun on s’étonne : « Ils nous ont demandé d’utiliser [la JVM] dans le cadre de l’accord de licence sur sept ans », expliquait un porte-parole la semaine dernière en assurant qu’ils ne s’y attendaient pas.

Le communiqué de Microsoft dépasse la polémique autour d’XP en notant que « Sun affiche une façade de choix et d’ouverture. L’idée selon laquelle Java est ouvert est risible, surtout après que Sun a soumis l’intégration de Java à un organisme de standards avant de rompre sa promesse, pas juste une fois mais deux… D’ailleurs, l’idée du choix selon Sun, c’est que vous pouvez avoir tous les langages que vous voulez, pourvu que ce soit du Java. » Microsoft oublie juste de dire qu’il a développé son propre langage de programmation, baptisé C# (prononcer « ci sharp »), qui ressemble étrangement au Java (voir édition du 27 juin 2000). Il y a peu de chances que la dispute en reste là. Quoi qu’il en soit, les utilisateurs de Windows XP et d’Internet Explorer pourront se procurer la JVM en téléchargement (si elle n’est pas déjà installée par le constructeur du PC). Le seul ennui reste que le fichier fait tout de même près de 5 Mo, longs à télécharger avec une connexion bas débit. Cette dernière version est un bon moyen pour Sun de mettre entre les mains des utilisateurs une JMV à jour.