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Microsoft joue la carte de l’ouverture

Microsoft a annoncé qu’il allait modifier le système de licence protégeant ses technologies afin, d’une part, de permettre à un plus grand nombre d’entreprises d’y avoir accès et, d’autre part, de l’étendre à ses 4 000 brevets. Il s’agit évidemment d’un changement important dans la philosophie des rapports que l’éditeur entretient avec ses concurrents. Jusqu’à présent, il réservait l’accès à ses API et protocoles de communication propriétaires à quelques partenaires triés sur le volet. Désormais, cette discrimination n’aura plus cours et tous les éditeurs bénéficieront d’un accès équitable à ces informations. Cette initiative s’inscrit dans la politique d’ouverture récemment mise en oeuvre par Microsoft dans le but de renforcer l’attractivité de ses produits face à l’émergence d’une alternative Open source désormais crédible et également de casser son image d’entreprise monopolistique. Ce dernier point est sans doute, bien que Microsoft s’en défende, une conséquence de la pression exercée par les autorités antitrust tant américaines qu’européennes. Rappelons que, récemment, la juge à l’origine du règlement à l’amiable du long procès antitrust dont Microsoft a fait l’objet aux Etats-Unis, a fait part de ses doutes quant à l’efficacité du dispositif qu’elle a elle-même mis en place, envisageant d’en modifier les attendus (voir édition du 27 octobre 2003). Plus récemment, ce sont les autorités antitrust européennes qui ont pris une position très ferme vis-à-vis de l’éditeur (voir édition du 14 novembre 2003).

Les schémas XML d’Office 2003

La commercialisation de ces licences constituera par ailleurs une appréciable source de revenus supplémentaires pour Microsoft, même si ce n’est probablement pas leur premier objectif. Déjà, des groupes informatiques détenteurs d’un grand nombre de brevets, comme IBM ou HP, ont développé une activité commerciale fort lucrative autour de leurs droits à la propriété intellectuelle. Pour IBM, celle-ci représente un chiffre d’affaires trimestriel de près d’un milliard de dollars. Microsoft suit donc leur exemple et a pour cela recruté un ancien d’IBM, Marshall Phelps. A propos de l’annonce faite hier, l’éditeur n’a pas voulu en rester aux déclarations d’intentions et, joignant le geste à la parole, a présenté deux nouvelles licences payantes portant l’une sur ClearType, logiciel d’affichage haute résolution utilisé notamment dans les Tablet PC, et l’autre sur la technologie de stockage dite FAT. D’autres licences devraient suivre. Cette annonce intervient quelques jours à peine après une autre annonce qui procède également de cette stratégie d’ouverture. Microsoft a en effet décidé de donner aux éditeurs et entreprises l’accès aux schémas de référence basés sur le standard XML et à la documentation technique de trois des principales applications de sa suite bureautique Office 2003 : le traitement de texte Word, le tableur Excel et l’outil d’agrégation et de gestion d’informations InfoPath.

Une triple pression

Microsoft avait fait de l’utilisation du standard XML un argument commercial en faveur de la nouvelle version d’Office, XML étant censé garantir une compatibilité entre les applications d’Office et les autres applications utilisées dans les entreprises. Or cette compatibilité reste théorique tant que les entreprises ou les autres éditeurs ne disposent pas des schémas XML. Sans eux, les entreprises ne peuvent pas mettre en place des mécanismes d’échange de données entre Office et leurs autres applications ou celles de leurs partenaires. Pourtant, automatiser l’échange de données entre applications est une des préoccupations majeures des directeurs informatiques. C’est le principal enjeu des services Web, à l’élaboration desquels Microsoft travaille activement. Toujours dans cet esprit d’ouverture, Microsoft a également abandonné ses droits à la propriété intellectuelle sur les spécifications dédiées aux services Web qu’il a contribué à mettre au point, les proposant aux organismes ad hoc à des fins de standardisation. En bref, c’est donc la triple pression des utilisateurs, du cadre réglementaire et du mouvement Open source qui commande les évolutions récentes de Microsoft. Une évolution qui relève bien sûr de l’intérêt bien compris.

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