Kevin Browne (voir édition du 7 novembre 2001), responsable de l’unité de développement Mac au sein de Microsoft, vient de le confirmer : bien que le contrat qui les lie arrive à son terme, le géant de Redmond n’abandonnera pas Apple. Il s’agit d’un tournant très important pour Apple et pour Microsoft : en abandonnant le statut contractuel, les deux entreprises se désolidarisent à nouveau, après cinq années de coopération pendant lesquelles la firme à la Pomme s’est bien gardée de faire des vagues. Apple a dû intégrer Internet Explorer sur le Mac comme navigateur principal et accepter l’entrée de Bill Gates dans son capital à hauteur de 150 millions de dollars (7 % du capital d’Apple, revendus depuis). Pendant ce temps, pour Microsoft, il s’agissait de fournir à la plate-forme d’Apple sa suite bureautique Office. Les aficionados du Mac recrutés par Microsoft n’ont pas lésiné (voir édition du 20 juillet 2001) : Office 98 rattrapait la version 97 pour Windows, sauvant la fuite de la clientèle et renouvelant l’intérêt pour le Mac. Quant à la version 2001, elle se présentait comme un rapprochement encore plus important de l’interface « à la Apple ». Mais là où Microsoft a étonné tout le monde, c’est avec Office pour Mac OS X ! La version développée en Carbon pour le nouveau système d’exploitation d’Apple donne vraiment l’impression que l’éditeur de Redmond s’est complètement imprégné d’Aqua ! L’arrivée à échéance du contrat faisait craindre aux utilisateurs du Mac que l’éditeur abandonne la plate-forme. Mais Microsoft n’en fera rien (voir édition du 2 avril 2002). Kevin Browne a déjà expliqué pourquoi : pour Microsoft, le Mac est un business profitable (voir édition du 7 mai 2001). Et même si la firme n’a jamais communiqué sur ses revenus tirés de la plate-forme d’Apple, on peut comprendre que l’argent, si elle est sa principale motivation, n’en est pas pour autant la seule. Microsoft sur le Mac, c’est également la démonstration que la firme n’est pas monopolistique.
Et l’annonce du prochain portage des services .Net sur le Mac répond sans doute à une logique similaire. Pour l’heure, le projet qui doit permettre un partage de données simplifié au travers du réseau ne fonctionne pour l’instant que sur des appareils utilisant un des systèmes d’exploitation de la firme ! Windows XP pour les ordinateurs, Windows CE.Net pour les assistants personnels, et tout un tas d’appareils électroniques allant de la console de jeux XBox au Tablet PC. La valeur ajoutée de .Net : fournir des logiciels ou des services en ligne en reportant l’essentiel du travail sur des serveurs faisant tourner les logiciels de la société. Dans ce schéma, l’intégration de Mac OS X n’est pas évoquée, ni celle de tout système concurrent. Kevin Browne l’a bien noté : « Quand nous parlons aux clients utilisateurs de Mac, l’intégration est l’une des choses les plus difficiles qu’ils rencontrent. » Il envisage pour cela le rôle du Mac comme celui d’un client et non d’un serveur. La tactique s’avère subtile : en développant un client .Net sur Mac, Microsoft donne un sacré coup de pouce à Apple ! La firme y gagnera ses galons pour entrer plus facilement comme machine de bureau en entreprise. Quitte à dégrader la base installée de clients Windows ! Mais Microsoft n’en a cure, car s’il y a de l’argent à faire avec .Net, c’est d’abord du côté serveur, solutions que l’éditeur entend faire acheter aux mêmes entreprises. En incluant le Mac dans sa stratégie, sans doute notamment grâce aux efforts de Corel (voir édition du 6 octobre 2000), Microsoft accèdera aussi à une nouvelle virginité : la firme pourra démontrer que sa stratégie n’est pas une tentative d’accroissement de son monopole, ainsi que lui reprochent les experts. Les autres systèmes d’exploitation pourront sans doute eux aussi accéder à .Net mais plus tard, quand les développeurs auront réussi à porter Rotor, le moteur .Net destiné à fonctionner ailleurs que sur Windows. La Mac BU l’aura sans aucun doute fait avant ! Reste une limitation de taille : le Mac n’aura pas accès aux logiciels fournis comme services sur .Net, mais aux seuls contenus et données formatés pour cette architecture.
Java ou .Net ?
Cette approche de Microsoft s’avère très subtile : elle donne l’impression aux utilisateurs de Mac et aux observateurs de son marché de le rapprocher d’un niveau de service similaire à celui proposé sur Windows. Dans le même temps, elle introduit le loup .Net dans la bergerie et met Java – fortement soutenu par Apple – sur la touche, en lançant chez les utilisateurs de Mac une discussion sur le chemin à suivre : Java ou .Net (voir édition du 17 décembre 2001). On comprend bien pourquoi : si la stratégie de Microsoft réussit, la plate-forme d’accès à ses services sur Internet n’aura plus d’importance. Elle peut bien être un Mac puisqu’une part principale des revenus viendra de royalties tirées du Net ! L’engagement de Microsoft sur Mac éclaire le mouvement initié : lâcher du lest sur les systèmes d’exploitation pour investir le réseau. Pour préserver la diversité et le choix, la seule stratégie concurrente, Java, a plus que jamais besoin d’un soutien d’Apple (voir édition du 3 avril 2002). Il conviendra d’observer attentivement la façon dont la Pomme accueille l’initiative de Microsoft. Devra-t-elle prendre une décision qui relèverait du jugement de Salomon ?
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