Microsoft rend lisibles sur PC les CD audio protégés
Quelques semaines après le lancement de sa nouvelle plate-forme de production-diffusion Windows Media 9 Series, Microsoft vient d’introduire le Media Data Session Toolkit. Un outil qui, en créant une seconde session, protégée et dont les droits d’utilisation sont paramétrables par le producteur, permet d’autoriser sur PC la lecture de CD audio dotés de systèmes anticopie. Le procédé peut également s’appliquer aux DVD.
A l’occasion du marché international de la musique (Midem, 18-23 janvier 2003 à Cannes) et dans la continuité du lancement de la plate-forme Windows Media 9 Series (voir édition du 7 janvier 2003), Microsoft vient de présenter un nouvel outil de protection des CD Audio et DVD : le Windows Media Data Session Toolkit. Ce nouveau composant de la solution Windows Media 9 Series (WM9Series) permet de protéger le CD contre la copie pirate tout en autorisant une lecture du support à partir d’un lecteur de salon mais aussi d’un PC, ce qui n’est pas toujours le cas des solutions de protection en cours comme celle de Midbar (voir télégramme du 14 février 2002).
Par ailleurs, le Media Data Session Toolkit intègre la technologie de gestion des droits numériques (le Windows Media DRM) qui permet aux producteurs ou distributeurs de définir directement les conditions d’utilisation du support, indépendamment de sa fabrication. Ainsi, il est possible d’autoriser la copie, de façon limitée ou non, du CD Audio sur le disque dur ou un périphérique mobile, de vérifier que l’utilisateur des fichiers copiés est toujours propriétaire du CD original (en le réclamant régulièrement après un nombre prédéfini de lectures des fichiers copiés), etc. Outre la sécurisation, ce nouvel outil offre également la possibilité d’enrichir le média, audio notamment, en proposant des contenus supplémentaires (interviews, partitions, pistes bonus, son multicanaux 5.1, etc.).
Une seconde session, protégée et compressée.
Selon Microsoft, le Media Data Session Toolkit n’est rien d’autre qu’une seconde session, protégée, du contenu original encodé au format Windows Media 9 et enrobé de la technologie DRM. Cela suppose donc qu’il reste assez de place sur le CD original pour pouvoir inclure cette session lisible par un PC à condition, à priori, que le lecteur audio possède le codec de Windows Media 9 et le DRM. Cela impose aussi la compression des données au risque, selon le ratio utilisé, de perdre en qualité, sachant qu’un ratio de 128 Kbits/s à 44 Hz (qualité d’écoute quasi-équivalente à celle de l’original) occupe environ 1/10e de la taille du fichier non compressé. Enfin, cela sous-entend que le CD doit être protégé indépendamment de la technologie de Microsoft, laquelle innove d’une certaine manière puisqu’elle offre la lecture du contenu sur PC tout en garantissant l’hétérogénéité des plates-formes de lecture (PC, lecteur de salon…).
Malgré les surcoûts potentiels que cette solution induit à la production, MPO, entreprise française spécialisée dans le pressage de CD, a adopté le Media Data Session Toolkit pour ses clients internationaux (EMI, Warner Music, Virgin, Universal Music et le label indépendant Naïve) en plus de sa propre solution Private Audio. Si la solution offre effectivement un niveau de sécurité satisfaisant pour les producteurs tout en libérant les consommateurs du choix de la plate-forme de lecture, l’offre Microsoft pourrait rapidement être adoptée par l’industrie.
Le Media Data Session Toolkit s’apparente à la brique qui vient parfaire la solution Windows Media 9 Series avec laquelle Microsoft ne cache pas ses ambitions de conquérir l’industrie musicale et cinématographique. En proposant une plate-forme complète qui permet la production (encodage), la diffusion (le Windows Media Server sera intégré à Windows Server 2003 prévu dans les prochains mois), la gestion des droits (DRM) et un kit de développement (le SDK pour personnaliser les technologies Windows Media), le tout à des prix de licence jusqu’alors imbattables, Microsoft pourrait bien gagner son pari. RealPlayer et QuickTime seront-ils les prochains Netscape de la consommation des contenus numériques de loisirs?