Microsoft scindé en deux ?
Les fuites étaient bien organisées. La principale sanction proposée contre Microsoft par le gouvernement américain consiste bien en la scission de la société en deux entités séparées.
Comme prévu, le gouvernement américain et les 19 états qui ont poursuivis Microsoft dans le procès anti-trust qui a commencé en octobre 98 ont proposé comme sanction au juge Jackson le découpage de Microsoft en deux entités (voir édition du 28 avril 2000). La première se chargerait du développement et de la vente des systèmes d’exploitation, tandis que la seconde regrouperait le reste et principalement Office. Les deux sociétés ainsi créées n’auraient pas le droit de se recombiner avant au moins 10 ans.
Plusieurs propositions très précises tendent également à un contrôle plus transparent de l’activité des « baby Microsoft ». Le ministère de la Justice recommande par exemple une politique de prix de Windows uniforme pour les 20 plus grands fabricants de PC. Il propose également une plus grande souplesse de personnalisation du système par ces mêmes fabricants, leur permettant pas exemple de changer l’écran de démarrage ou même l’interface graphique. Microsoft n’aurait plus non plus le droit de faire de la vente liée à son système de ses composants « middleware » ainsi définis : butineurs Internet, logiciels de courrier électronique, logiciels de visionnage de contenus multimédia, Office et la machine virtuelle Java. Tout du moins, en cas de vente d’un système incluant tout ou partie de ses composants, Microsoft serait dans l’obligation de fournir une version « nue », moins chère.
Comme prévu également, Microsoft a vivement réagi à cette liste de propositions en confirmant, entre autres, son intention d’aller en Appel, jusqu’à la Cour Suprême (la plus haute instance judiciaire des Etats-Unis, s’il le faut). Dans une lettre ouverte adressée à ses clients, partenaires et actionnaires, Microsoft répète inlassablement tous ses arguments, insistant sur tous les efforts faits pour faire progresser la micro-informatique. Très « américano-centrée », Bill Gates et Steve Ballmer, les deux signataires de la lettre, indiquent également que « le démantèlement de Microsoft enverrait aussi comme signal que les sociétés américaines qui seraient trop prospères seraient sévèrement punies, un signal qui seraient très bien accueillies par les concurrents étrangers pour mettre à mal l’avance américaine en matière de nouvelles technologies ». Autrement dit, un petit appel du pied au protectionnisme traditionnel américain… La décision finale du Juge Jackson est attendue avec impatience.