Actuellement se tient aux Etats-Unis TechEd, la conférence annuelle consacrée aux technologies de Microsoft. C’est bien évidemment l’occasion pour l’éditeur de présenter aux développeurs et clients sa feuille de route pour les trimestres à venir en matière de nouveaux produits. L’édition 2003 de TechEd intervient dans un climat de suspicion, voire de défiance des entreprises vis-à-vis de l’informatique : elles remettent en cause son caractère stratégique, sa capacité à constituer un avantage concurrentiel et même son impact positif sur la productivité des salariés. La question du bien-fondé des investissements informatiques est du même coup posée et fait, au moins aux Etats-Unis, l’objet d’un débat public. Débat qui a pris un tour nouveau depuis qu’un spécialiste de l’économie numérique, Nicholas Carr, a récemment jeté un pavé dans la mare, publiant dans la revue américaine Harvard Business Review un article titré : IT doesn’t matter (voir édition du 16 mai 2003). Ce climat imprègne TechEd. Profitant de cette tribune, les dirigeants de Microsoft ont apporté leur contribution à la réflexion commune. Sans surprise, ils ont pris le contre-pied de Nicholas Carr : pour eux, l’informatique est bel et bien source de différenciation stratégique pour les entreprises, lesquelles seraient par conséquent bien inspirées de remettre la main au portefeuille afin de se doter de nouveaux logiciels, estampillés Microsoft si possible. Car l’éditeur s’est lancé un nouveau défi, celui de leur proposer des outils permettant de simplifier la gestion au jour le jour des systèmes d’information.
1,7 milliard de dollars de R&D pour les serveurs
C’est le message que Microsoft a voulu faire passer à ses clients : continuez d’investir dans votre informatique afin de la simplifier, ce qui ne fait pas vraiment progresser le débat évoqué plus haut. Observons toutefois que l’éditeur se démarque d’autres fournisseurs informatiques majeurs qui, eux, semblent estimer, au moins implicitement, que l’informatique doit désormais être considérée comme une prestation banalisée dégageant peu de valeur ajoutée. N’est-ce pas le cas d’IBM qui assimile son concept d’informatique à la demande à la distribution d’eau ou d’électricité, ou encore d’Oracle qui prône le modèle locatif ? De son côté, Microsoft maintient que, du fait de son caractère stratégique, l’informatique doit rester dans les murs de l’entreprise et non être confiée à un tiers. Dans cette perspective, les dirigeants de Microsoft ont, une nouvelle fois, pris fait et cause pour les services Web qui représentent selon eux une avancée technologique majeure sur la voie de la simplification – également appelée urbanisation – des systèmes d’information. Mais surtout, ils ont mis en avant leur gamme de serveurs, laquelle fait actuellement l’objet d’une large refonte. A cette fin, Microsoft va investir l’an prochain plus de 1,7 milliard de dollars en recherche et développement. Parallèlement, une importante campagne publicitaire a été lancée depuis peu autour de Windows Server System, la nouvelle marque qui chapeaute toute la gamme et vise à souligner l’interdépendance de toutes ses composantes. A défaut de simplifier l’informatique de ses clients, Microsoft simplifie au moins sa communication.
Biztalk, dénominateur commun de Windows Server SystemOutre les débats philosophiques, les annonces ont plus concrètement porté sur l’entrée en bêta test ce mois-ci de deux produits clés : la nouvelle version de la base de données SQL Server, connue sous le nom de code Yukon, ainsi qu’une nouvelle version du serveur d’intégration Biztalk. Celle-ci apporte le support de nouveaux standards relatifs à l’orchestration et à la sécurisation des services Web, et un couplage fort avec Visual Studio ?Net, l’environnement de développement de Microsoft. A plus longue échéance – courant 2004 – le serveur d’intégration sera lui-même intimement lié aux autres serveurs, notamment de gestion de contenu (content management servers) et de commerce électronique (commerce servers). C’est l’objet du projet baptisé Jupiter qui, lorsqu’il aura abouti, ne manquera pas de modifier le secteur de l’intégration applicative. Quant à Yukon, la principale nouvelle apportée par TechEd a été l’annonce du report de sa commercialisation au deuxième trimestre 2004. Rappelons que l’objectif de Yukon est, entre autres, de faciliter l’extraction de toute l’information disséminée dans les systèmes informatiques des entreprises, et ce quel que soit leur type. Sur ce point, Yukon poursuit des objectifs similaires à ceux de DB2 Integrator, récemment lancé par IBM (voir édition du 19 mai 2003). Yukon enrichira également la base de données de fonctionnalités de reporting analytique (voir édition du 14 février 2003). Enfin, Microsoft met la dernière main à une nouvelle version de son serveur de messagerie, Exchange Server 2003, dont la commercialisation est prévue pour cet été, et prépare d’ores et déjà une nouvelle version du système d’exploitation réseau Windows Server 2003, spécifiquement adaptée aux matériels de stockage.
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