Il fallait une première et elle s’est déroulée ce jeudi dans le cadre des TechDays 2015 : Microsoft a fait la démonstration de Skype Translator… en français.
Ce système de traduction à la volée se présente sous la forme d’une application Windows rattachée au logiciel de VoIP. Il doit permettre à chacun des participants d’une discussion d’entendre les différents interlocuteurs dans sa langue maternelle, et ce quasiment en temps réel.
Combinant reconnaissance de la parole, apprentissage automatique et synthèse vocale, Skype Translator s’inscrit dans la lignée des services de traduction du texte écrit déjà proposés via le moteur Bing et le navigateur Internet Explorer. Il avait fait l’objet d’une présentation « primitive » fin 2012, mais sa première véritable apparition remonte à mai 2014, pendant la Code Conference organisée en Californie.
A l’époque, Satya Nadella lui-même avait du mal à décrire l’intelligence artificielle qui propulsait le produit. Le CEO de Microsoft déclarait : « Lorsque vous lui apprenez l’anglais, elle fait des progrès en anglais. Mais lorsque vous lui apprenez le mandarin, elle fait aussi des progrès en anglais. Et quand vous lui apprenez l’espagnol, elle fait des progrès en mandarin comme en anglais ».
Depuis lors, Skype Translator a été lancé en version bêta, avec deux langues supportées : l’anglais et l’espagnol. Ce 12 février 2015, il s’est officiellement ouvert au français (en alpha, néanmoins). Quiconque dispose d’un appareil sous Windows 8.1 ou Windows 10 « Technical Preview » peut demander à essayer le service en s’inscrivant au programme associé.
Sur le principe même du machine learning (« apprentissage machine » ou « apprentissage automatique »), l’offre s’améliorera au fil du temps, grâce aux contributions des testeurs. Le paramètre humain est d’autant plus important que Microsoft s’appuie sur des réseaux neuronaux artificiels, qui ont pour but d’analyser et de reproduire le fonctionnement du cerveau.
Directeur de la sécurité informatique pour Microsoft France, Bernard Ourghanlian reste prudent : Skype Translator ne sera pas disponible avant d’être utilisable par le plus grand nombre (Skype compte 300 millions de personnes connectées chaque mois).
On comprend mieux ces propos au regard de la démonstration réalisée par deux responsables de Microsoft – l’un basé à Seattle et l’autre, au Palais des Congrès de Paris, où s’est tenue la plénière : Skype Translator est rapide et possède un vocabulaire assez riche, mais il reste bien du chemin à parcourir avant d’aboutir à un produit fini qui puisse être utilisé au quotidien.
Outre une maîtrise hasardeuse de l’inversion (interrogative, subordonnante) et de la concordance des temps, la ponctuation reste problématique et les questions sont souvent interprétées comme des phrases affirmatives. Il est cependant tout à fait possible d’entretenir une conversation, à condition de se trouver dans un endroit calme et de parler distinctement, quitte à ralentir le rythme de diction et à hausser le ton.
Skype Translator n’est pas encore capable de contextualiser les propos pour détecter d’éventuelles incohérences. Dans les conditions du direct, il a ainsi entendu « prix » à la place de « Paris », « tonton » au lieu de « ton temps » et… « mes bras » au lieu de « mémorable » (confer la vidéo ci-dessous), sans broncher.
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