Microsoft victime de la preuve par l’image

Régulations

Au cours du procès antitrust, l’éditeur mondial a mis à mal sa ligne de défense en commettant une bourde sur un document vidéo enregistré.

Le procès pour abus de position dominante intenté à Microsoft par le Département de la Justice américaine vient de connaître un nouveau rebondissement, après le témoignage malheureux de Microsoft. Mardi dernier, l’éditeur souhaitait démontrer que son navigateur Internet Explorer était partie intégrante de Windows et qu’il n’était pas simplement livré avec (en « bundle ») dans l’espoir de couler le concurrent Netscape. La démonstration s’avérait délicate, car le témoin du gouvernement Edward Felten, informaticien à l’université de Princeton, avait déjà présenté à la cour le moyen de désactiver Explorer et de faire tourner Windows normalement sans le navigateur. Pour sa défense, le géant du logiciel a décidé de présenter une vidéo enregistrée afin de montrer combien Explorer et Windows étaient difficiles à séparer. Les images montraient le travail de plusieurs ingénieurs qui constataient des « dégradations de performances » dans Windows après avoir utilisé le programme d’Edward Felten. La vidéo montrait enfin combien la navigation sur Internet devenait inhabituellement lente une fois le navigateur séparé. Seulement voilà : en y regardant de plus près, la cour a remarqué que le système mis en oeuvre sur les images n’avait rien à voir avec le programme de Felten ! Tandis que la démonstration semblait recourir à une autre application, le témoin de Microsoft responsable de Windows, James Allchin, a assuré que l’expérience avait été filmée en toute bonne foi. Pour se défendre, l’homme a reconnu qu’il n’avait sans doute pas regardé d’assez près la barre de titre du programme testé ! Et de ré-insister sur la véracité des images. A son tour, le conseiller général de Microsoft William Neukom a affirmé que le programme de Felten était bien celui présent sur la séquence vidéo. Faute de confirmation, ces propos qui se veulent rassurants auront suffit à ébranler la confiance de la cour.