Microsoft se prépare à lutter pied à pied contre Linux, une lutte qui prendra la forme de rabais très importants consentis sur ses produits, en particulier Windows. Il est même envisagé, dans certains cas, de le livrer gratuitement. Pour financer ces remises, des fonds spéciaux ont été créés. C’est ce que révèle dans son édition du 15 mai 2003 le quotidien International Herald Tribune. Ce dernier fonde ses affirmations sur des mémos internes qu’il est parvenu à se procurer. L’un d’eux, envoyé par le responsable mondial des ventes, Orlando Ayala, enjoint les commerciaux à ne jamais perdre un marché public lorsqu’un produit de Microsoft, notamment Windows, est en compétition avec Linux, et ce « quelles que soient les circonstances ». Il s’agit donc de ne laisser aucun espace au système d’exploitation Open source. Deux jours après le mémo d’Orlando Ayala, le responsable de l’activité services, Michael Sinneck, en envoyait un évoquant un fonds d’un montant de 180 millions de dollars essentiellement destiné à financer des ristournes sur les prestations de conseil dans le domaine des serveurs. Un domaine qui est en effet l’objet de toutes les attentions de Microsoft ces temps-ci et où la concurrence avec Linux est la plus âpre. Reste à savoir ce que penseront de ces pratiques les diverses instances de régulation, à commencer par les autorités antitrust européennes.
La fronde s’organise
De fait, ces initiatives interviennent dans un contexte où, un peu partout dans le monde, la résistance à Microsoft s’organise. Une résistance souvent orchestrée par le pouvoir politique lui-même, souligne un rapport du Gartner Group publié le 15 mai 2003. Ce phénomène se développe surtout en dehors des Etats-Unis, par exemple en Chine, au Japon, à Singapour, en Malaisie et en Australie où les autorités incitent tant les administrations que les entreprises privées à remplacer les produits de Microsoft par les alternatives Open source ou des logiciels propriétaires d’éditeurs locaux. Cette tendance s’observe également, quoique dans une moindre mesure, en Europe et en Amérique Latine où les gouvernements de quelques pays font les mêmes préconisations. En Amérique du Nord, l’hostilité à Microsoft existe bel et bien mais est moins prononcée : la préoccupation des gouvernants est de créer les conditions économiques permettant aux concurrents de Microsoft d’exister, mais la mainmise de ce dernier sur des pans entiers de l’industrie informatique n’est pas fondamentalement remise en question, tout simplement parce que Microsoft est une entreprise américaine.
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