A mesure que la marge de manoeuvre se restreint en matière d’allocation d’adresses IPv4, le déploiement du protocole IPv6 s’accélère.
C’est l’un des principaux constats établis par l’université du Michigan dans une étude menée avec le concours de l’International Computer Science Institute. Le rapport (document PDF, 12 pages) présenté la semaine passée dans le cadre de la conférence ACM SIGCOMM – organisée par le groupe d’intérêt du même nom, spécialisé dans les technologies réseaux et télécoms – s’appuie également sur les contributions d’Arbor Networks et Verisign Labs.
De nombreux critères entrent en ligne de compte, si bien que les indicateurs varient assez sensiblement en fonction des différentes mesures. Mais la conclusion est unanime : dans l’ombre d’IPv4, la transition vers IPv6 amorce une nouvelle phase. En tête de gondole, on retrouve les grands fournisseurs de contenus et services en ligne, dont la plupart ont – au moins partiellement – mis à jour leurs infrastructures. Ce dynamisme au coeur de l’Internet ne trouve encore que peu d’écho en périphérie : seuls 3,5% des 10 000 sites étudiés par Alexa (filiale d’Amazon spécialisée dans l’analyse du trafic Web mondial) exploitent IPv6. Ils étaient toutefois moins de 0,5% à l’implémenter il y a trois ans.
Autre signe de maturité : IPv6 est de plus en plus systématiquement déployé pour répondre aux mêmes usages qu’IPv4… avec des performances quasi similaires (à 95% en l’occurrence). C’est tout du moins ce que suggère l’analyse de dix jeux de données, dont l’un regroupant les statistiques émanant de 260 fournisseurs d’accès (16,2 Po transmis chaque mois). Au global, le trafic IPv6 aurait quadruplé en deux ans, représentant désormais 0,64% du volume de données échangé sur Internet. Des estimations plus prudentes que celles de Google, qui établit à 2,5% le taux de trafic IPv6 sur ses services Web, avec des pics à plus de 4% lors de certains week-ends.
Des fournisseurs de contenus aux prestataires de services, les approches diffèrent, mais les prérequis demeurent, qu’ils soient d’ordre technique (adressage, nommage, routage…) ou opérationnel (usages, applications, performances). Des contrariétés que l’Internet Assigned Numbers Authority (IANA) doit prendre en compte lorsqu’elle alloue des blocs d’adresses aux registres locaux (RIPE NCC en Europe, APNIC en Asie-Pacifique, etc.), lesquels gèrent ensuite l’attribution aux registres nationaux.
Une étape réglementaire qui, d’après l’université du Michigan, suffit à illustrer l’adoption croissante d’IPv6. De quelques dizaines de préfixes alloués par mois en 2007, on est passé à plusieurs centaines en 2013, pour un total d’environ 18 000 actifs couvrant 1,1 x 1034 adresses, contre 136 000 en IPv4.
Autre signe du déploiement d’IPv6 : la multiplication des jonctions avec le service DNS, qui permet de traduire des noms de domaines en adresses IP. A fin janvier 2014, 91% des 381 extensions génériques de premier niveau (.com, .net, .org…) peuvent pleinement exploiter le protocole (source Hurricane Electric). En 24 heures, le trafic DNS moyen sur les .com et .net s’élève à 1 million de requêtes IPv6, contre 2,3 à 4,2 milliards en IPv4.
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