Mobilité : l’épineuse question du BYOD en Europe
Oracle constate une certaine inertie dans l’adoption du BYOD (« Bring Your Own Device ») au sein des entreprises européennes, essentiellement pour des questions de sécurité.
La dernière étude d’Oracle décrit des entreprises européennes globalement intimidées par les enjeux sécuritaires liés au BYOD (« Bring Your Own Device »), ce phénomène qui consiste en l’exploitation d’équipements informatiques personnels à des fins professionnelles.
Si la plupart des 700 dirigeants et DSI interrogés* s’accordent sur la nécessité d’aborder, à terme, cette évolution naturelle des systèmes d’information, nombre d’entre eux redoutent la transition. A l’heure actuelle, certains font preuve de circonspection ; d’autres, de réticence. Recouvrant l’infrastructure, les terminaux et les applications quels que soient la fonction, la localisation et le mode d’interaction de l’utilisateur, les défis soulevés par l’intégration des smartphones, des tablettes et des PC portables apportés par les salariés ne sont pas étrangers à cette perception.
Mais la sécurité reste le premier obstacle. Plus les entreprises y accordent de l’importance, plus elles se méfient du BYOD. La finance et le secteur public, où circulent des informations sensibles, y sont beaucoup plus réceptifs que les professionnels de la communication. Au global, 45% des sondés se disent particulièrement préoccupés par la protection des terminaux ; 53%, des applications ; 63%, des données.
Conscients de ces enjeux, les DSI affichent toutefois, selon Oracle, une certaine méconnaissance des outils à leur disposition : près d’un tiers n’exploitent aucune solution de gestion des parcs mobiles (MDM, pour « Mobile Device Management »). Et 37% déclarent ignorer l’existence de services permettant, à l’image de BlackBerry Balance, d’opérer un cloisonnement strict entre les environnements personnel et professionnel pour éviter toute interférence entre les deux mondes.
A l’inverse, ceux qui ont adopté la tendance BYOD évoquent généralement des gains de productivité et des coûts réduits. En contrepartie, il leur a fallu synchroniser leur stratégie mobile avec la gestion globale du système d’information pour réduire les risques de sécurité et de conformité, tout en améliorant l’expérience utilisateur.
Mais au final, moins de 10% des entreprises laissent une totale liberté à leurs employés en matière de BYOD. 29% en restreignent l’applications aux seuls cadre et professions supérieures. 17% pratiquent la politique du CYOD – « Choose Your Own Device » – en définissant une liste restreinte d’appareils personnels pouvant être utilisés au bureau. En revanche, pour 23% des interrogés, la pratique n’est tolérée « que dans des circonstances exceptionnelles ». 21% déclarent même réfuter d’autant plus le phénomène qu’ils ne sont pas en mesure de le contenir.
Oracle divise cet échantillon en deux catégories. Les « pro-BYOD » tendent à accepter à la fois smartphones et tablettes (83%) et à mettre en oeuvre des solutions de gestion ad hoc (93%), tout en se disant prêts à s’adapter à l’évolution du marché (70%). Un taux qui passe à 11% chez les « anti-BYOD », lesquels s’inquiètent massivement pour la sécurité des données (86%), sans pour autant mettre en place des outils de gestion (88%).
Des données inquiétantes si l’on considère que les analystes prévoient une explosion du mobile au cours des prochaines années : 1 milliard de smartphones et de tablettes en 2016 selon Forrester Research ; 305 millions de téléchargements d’applications la même année d’après Gartner ; 50 milliards de terminaux connecté à l’horizon 2020 à en croire Cisco.
Oracle relève également des disparités entre les pays nordiques et méditerranéens. Les premiers ont de l’avance sur les seconds dans l’adoption du BYOD. Mais le décalage est important avec l’Amérique du Nord et l’Asie. Des conclusions à mettre en relation avec celles établies voici quelque semaines par CA Technologies : seuls 40% des entreprises françaises ont élaboré une stratégie d’intégration des terminaux mobiles… quand 95% de leurs homologues américaines ont franchi le pas. 29% admettent ne trouver « aucun intérêt » aux projets de mobilité, contre 4% à l’échelle du Globe… et 0% outre-Atlantique.
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