Molotov acquis par Orange : le scénario se dessine
Quel avenir pour Molotov, dit dans une situation de trésorerie délicate ? La piste d’une prise de contrôle par Orange est évoquée.
Mise à jour du 6 juillet 2018 à 15 h 46 : Molotov affirme, sans plus de détails, que les informations et chiffres ci-dessous sont « parfaitement erronés » et n’ont « jamais été confirmés aux journaux qui les ont diffusés ».
Qui pour redonner une impulsion financière chez Molotov ?
La start-up fondée en 2014 par Jean-David Blanc (à l’origine d’Allociné), Jean-Marc Denoual (ex-dirigeant TF1 / TPS) et Pierre Lescure (cofondateur de Canal+) serait en situation trésorière délicate. Selon BFM Business, elle cherche de nouveaux actionnaires d’ici à l’automne.
En l’état, 35 % du capital est entre les mains des fondateurs. Le reste est réparti entre fonds d’investissement (35 %), business angels (12 %) et industriels du secteur (8 %).
En début d’année, Molotov avait confié avoir mandaté la banque américaine Raine en vue d’effectuer une levée de fonds d’un montant « pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros ». L’opération devait notamment accompagner une offensive pressentie en Allemagne.
Le trio TF1 – M6 – France Télévisions se serait un temps montré intéressé, dans le cadre du développement de Salto, un service commun de distribution de leurs chaînes en ligne.
Les discussions n’auraient pas abouti au regard de la valorisation recherchée par Molotov : 100 millions d’euros, soit à peu près celle annoncée à l’issue du dernier tour de table officiellement bouclé. C’était fin 2016, pour un montant de 22 millions d’euros. L’opérateur britannique de TV par satellite Sky avait investi au même titre que TDF, principal diffuseur TV en France.
Le paramètre Messier
Les négociations avec les trois groupes audiovisuels étaient menées par Jean-Marie Messier.
L’implication de l’ex-grand patron reconverti en banquier d’affaires laisse suggérer qu’Orange serait aujourd’hui sur les rangs pour une éventuelle prise de contrôle de Molotov. L’opérateur a, en l’occurrence, déjà confié plusieurs mandats à l’intéressé (vente de Dailymotion à Vivendi, tentative d’acquisition de Bouygues Telecom), que son patron Stéphane Richard connaît par ailleurs très bien.
Molotov revendique 5,5 millions d’utilisateurs pour sa plate-forme de diffusion des chaînes TV françaises en direct et en rattrapage lancée voilà deux ans. Un demi-million s’en serviraient quotidiennement.
Problème : les services payants* ne compteraient que 6 000 à 7 000 abonnés, alors qu’il en faudrait au moins 500 000 (« 10 à 15 % [des] utilisateurs gratuits ») pour atteindre l’équilibre.
En toile de fond, l’opposition du groupe M6, qui exige que ses trois chaînes en clair (M6, W9, 6ter) ne soient incluses que dans les offres payantes de la plate-forme de distribution TV.
Molotov a déposé plainte au tribunal de commerce de Paris, au nom d’une « distorsion de concurrence discriminatoire », les chaînes de M6 continuant d’être « accessibles gratuitement sur la TNT, par satellite et sur Internet dans l’application 6play ». Le groupe audiovisuel a répliqué au grief de contrefaçon devant le tribunal de grande instance de Paris.
* Les options premium permettent d’étendre le nombre de chaînes disponibles, de bénéficier de fonctions interactives élargies ou encore d’accéder à des bouquets thématiques.
Crédit photo : Molotov