Rapidité des transactions, commissions réduites, dimension d’anonymat : l’usage des monnaies virtuelles peut présenter des avantages… mais soulève encore de nombreux risques qui, bien que globalement identifiés, ne sont pas encore couverts par la législation.
C’est l’un des principaux constats établis par la Banque centrale européenne (BCE) dans son deuxième rapport sur le sujet. Depuis octobre 2012 et la publication de ses premières observations, l’autorité financière a tempéré son approche, reconnaissant le potentiel de ces devises numériques dans certains secteurs de métiers.
Elle évoque notamment des bénéfices pour les communautés en ligne et les échanges internationaux… à condition de lever les barrières actuelles à la démocratisation de cet écosystème qui « manque [encore] de transparence » : l’utilisateur final a généralement peu de visibilité sur les services qui lui sont proposés. Un défaut d’information susceptible de mener à des fraudes organisées.
La BCE estime que les risques sont variables selon le degré de connexion des monnaies virtuelles avec l’économie « réelle ». Notamment sur la question du statut légal de ces devises, souvent flou, voire inexistant. De nombreux acteurs de l’écosystème exercent sans encadrement, ce qui limite la protection des clients. Lesquels peuvent non seulement faire face à la fermeture subite d’une plate-forme, mais aussi être assujettis à de nouvelles taxes en fonction de l’évolution du cadre légal.
La Banque centrale se montre par ailleurs dubitative sur l’utilisation même de systèmes informatiques. Si ce recours à la technologie permet de valider efficacement les transactions (instantané pour les monnaies virtuelles centralisées ; moins d’une heure pour leurs équivalents décentralisés), il peut entraîner des problèmes techniques et des actes de piratage… à l’heure où les obligations des prestataires pour limiter ces risques ne sont pas clairement définies.
La BCE trouve également à redire sur l’anonymat, jugé « efficace » (pas de contrat à signer avec l’émetteur de la monnaie), mais qui pourrait être exploité par des fraudeurs pour dissimuler leur véritable identité. En outre, de plus en plus de fournisseurs demandent à leurs clients de s’identifier pour répondre aux exigences des autorités.
Quoique non assimilables aux devises « traditionnelles » d’un point de vue légal et selon la nomenclature des économistes, les monnaies virtuelles peuvent tout à fait se substituer à des moyens de paiement tels les espèces, les chèques et les cartes bancaires. Elles ont d’ailleurs un cours… très volatile. Illustration avec le bitcoin, qui valait quelques dizaines de dollars fin 2012, près de 1200 dollars un an plus tard et aujourd’hui environ 250 dollars. Un autre risque pour l’utilisateur.
La BCE cerne également une fragilité dans le modèle open source exploité par de nombreuses monnaies virtuelles. Cette méthode permet certes des innovations auxquelles une entité unique telle qu’une banque n’aurait peut-être pas pensé, tout en motivant l’émergence d’une offre alternative de monnaies virtuelles apportant des améliorations dans la vitesse des transactions, l’efficacité énergétique des systèmes informatiques ou encore la gestion des fonds. Cependant, il est plus difficile de réagir en cas d’incident technique ou de sécurité.
La Banque centrale européenne avait véritablement commencé à se pencher sur le développement des monnaies virtuelles en 2011. Quatre ans plus tard, elle constate qu’aucune devise n’a atteint une masse qui pourrait être qualifiée de « critique ». Bitcoin, la plus populaire d’entre toutes, représente en moyenne 69 000 transactions par jour dans le monde, contre 274 millions – hors cash – rien que dans l’Union européenne pour le circuit traditionnel. Et selon les estimations de la BCE, à peine 0,0003 % des commerçants accepteraient au moins une monnaie virtuelle.
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