StreamCast Network vient de mettre en ligne la version 4 bêta de Morpheus, logiciel de partage de fichiers en ligne (peer-to-peer ou P2P). La grande nouveauté de cette version est l’interopérabilité avec les principaux réseaux P2P. Autrement dit, Morpheus pose des passerelles entre son propre réseau et ceux gérés par Kazaa, iMesh, eDonkey, Overnet, Grokster, Gnutella, LimeWire et G2 essentiellement, ce qui élargit de plusieurs millions le nombre de sources d’échanges. Si Morpheus n’est pas la première application à exploiter une capacité de recherche sur plusieurs réseaux d’échange, c’est à notre connaissance le premier logiciel édité par une société commerciale à le faire.
En élargissant ses capacités de recherche et d’échange à la majorité des réseaux P2P, StreamCast espère ainsi retrouver la place de leader qu’il partageait avec Sharman Networks, l’éditeur de Kazaa, lorsque les deux sociétés partageaient leurs ressources. Suite à une nébuleuse histoire de facture impayée, StreamCast avait éjecté Morpheus de ses environnements de partage (voir édition du 6 mars 2002). A ce jour, Sharman Networks revendique 318 millions de téléchargements de Kazaa (toutes versions confondues) contre 119 millions pour Morpheus. Le retour de Morpheus sur le réseau de Kazaa s’effectue apparemment sans accord ni autorisation de son éditeur. Il sera d’ailleurs intéressant de voir si SharmanNetworks , qui clame partout qu’il n’a aucune maîtrise de son réseau (voir édition du 15 janvier 2004), tentera ou non d’en écarter une nouvelle fois son concurrent. Mais l’initiative de StreamCast pourrait se généraliser à d’autres applications d’échanges de fichiers.
Incitation au partage illégal ?
Cette interopérabilité entre plusieurs réseaux n’est évidemment pas du goût des industries informatiques et culturelles (musique et cinéma principalement) qui risquent d’y voir une incitation à partager illégalement toujours plus de contenus numériques entre internautes. D’autant que StreamCast se présente comme un éditeur blanchi par la justice américaine depuis que celle-ci a débouté la RIAA (Recording Industry Association of America) et la MPAA (Motion Picture Association of America) de leur plainte. Cependant, les deux associations de défense des intérêts du disque et du cinéma ont fait appel de ce jugement.
D’autre part, selon le NDP Group qui effectue des études à partir de l’analyse des habitudes de 40 000 internautes américains, le piratage de la musique aurait repris en fin d’année 2003. Cette reprise des téléchargements fait suite à une baisse, pendant six mois, de la fréquentation des réseaux P2P. Une baisse imputée par plusieurs instituts d’étude (voir notamment édition du 5 janvier 2004) aux poursuites judiciaires envers des particuliers amorcées par la RIAA en août 2003 (voir édition du 20 octobre 2003). NDP aurait constaté une augmentation de 14 % du nombre de foyers effectuant des téléchargements. Reste à savoir si le phénomène est saisonnier ou bien s’il marque un réel retour du piratage en ligne.
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