Le lancement en fanfare de Silverlight, la technologie de développement de client riche multi-plateforme de Microsoft, ne semble pas avoir convaincu Mozilla. A la veille de la conférence développeurs qui réunira samedi environ 80 contributeurs européens de la fondation à Paris, Mike Shaver – le directeur canadien de l’écosystème de développement de Mozilla – nous a fait part de ses craintes sur ces nouveaux outils de conception d’applications « riches » (RIA ou « Rich Internet Application »), de même que sur Apollo AIR, la technologie « rivale » d’Adobe.
Selon lui, « Silverlight a pour objectif de faire passer les développeurs d’une technologie ouverte, qui leur laisse beaucoup de pouvoir, à une technologie contrôlée par un seul acteur, Microsoft ». Le danger étant de les laisser se positionner en « source unique de technologie » et de passer d’un « ensemble d’outils simples à une seule grosse plateforme, isolée « . Il s’avoue tout de même « soucieux » que Microsoft « soit réellement en mesure de les attirer vers sa plateforme », en leur offrant « de bons outils de développement » et en y consacrant d’importants moyens financiers.
Ne faut-il pas voir dans Silverlight un hommage au modèle communautaire des éditeurs open source ? « Les lancements de Silverlight et Apollo sont la preuve que le web fonctionne bien et qu’il peut être générateur de valeur « , insiste Mike Shaver, qui fut l’un des fondateurs de la fondation Mozilla en 1998.
Le lancement monolingue d’IE 7, révélateur d’un état d’esprit ?
Mike Shaver se montre guère plus tendre sur la dernière mouture d’Internet Explorer, critiquant sa sortie monolingue, en anglais. « Chez Mozilla nous avons investi énormément pour faire en sorte que tout le monde puisse accéder au web dans sa langue natale. Firefox était traduit dans quarante langues dès son lancement ».
« C’est le reflet de l’attitude d’une entreprise américaine qui va uniquement à son intérêt, sans penser au principe d’universalité du web », renchérit pour sa part Tristan Nitot, président de Mozilla Europe.
Firefox 3 pour bientôt ?
En ce qui concerne leur propre navigateur open source, le directeur de l’écosystème de développeurs et son collègue européen se refusent à donner une date de lancement. « Firefox 3 arrivera avant la fin de l’année, traduit dans une centaine de langues dès son premier jour de lancement », confie le premier. « Nous ne fixons aucune date, c’est notre politique », ajoute le second.
Au rang des innovations, la version de Firefox pour les systèmes d’exploitation Mac devrait être améliorée. La « couche graphique devrait également être bouleversée pour supporter davantage d’applications RIA », indique Mike Shaver, avant de préciser que la fondation travaille aussi sur l’amélioration de la restitution des effets d’accélération autorisés par certaines cartes en 3D et sur une refonte du système de gestion des bookmarks ou signets.
Enfin, en ce qui concerne les moyens financiers de la fondation – sujets à controverse l’an dernier -, Mike Shaver explique qu’ils sont utilisés pour le paiement des salaires, des dépôts de marques et qu’une partie des revenus est reversée sous forme de bourses à d’autres projets open source. Il rappelle qu’une filiale de la fondation, soumise à imposition, a par ailleurs été créée pour percevoir les revenus publicitaires.
« Et nous économisons beaucoup d’argent car nous avons l’intention d’occuper le paysage pendant de longues années encore », conclut Mike Shaver.
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