MP3 contre puissance de calcul : un beau canular !
Ce qui aurait dû être la killer application visant à légaliser les téléchargements en peer-to-peer s’avère être un canular, dont Vnunet a été l’une des nombreuses victimes. Tout en faisant leur publicité, les auteurs voulaient attirer l’attention sur le problème des échanges de fichiers protégés. Mission accomplie.
Poisson d’avril ! La solution d’échange de fichiers musicaux contre du temps de calcul, récemment proposée par la société néerlandaise PGR (voir édition du 11 mars 2003), était une farce. « L’entreprise de partage de fichiers n’était rien d’autre qu’un canular », lit-on sur le site dédié. « Notre premier objectif était d’attirer l’attention sur notre livre : Le voleur honnête« , poursuit l’un des auteurs du canular, Pieter Plass. « Deuxièmement, nous voulions confronter le public avec la pratique de voler honnêtement : les outils que tout le monde utilise ont du succès. » Sous-entendu, les outils de partage de fichiers de type Kazaa.
Une histoire mitonnée aux petits oignons
On ignore si l’objectif a été atteint mais le modèle économique et technique proposé par la société fictive avait retenu l’attention de nombre de médias, notamment du Wall Street Journal qui n’hésitait pas à écrire que « Le voleur honnête » « est un acteur majeur dans le monde du partage de fichiers ». Certes, le titre aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Mais le reste de l’affaire était magistralement monté : la puissance processeur de l’utilisateur commercialisée auprès de sociétés de calcul, permettant ainsi d’offrir des revenus aux ayants droit et donc de légaliser les téléchargements de fichiers ; la réglementation néerlandaise qui accorde un sursis à Kazaa ; le site Internet qui informe régulièrement du développement technique de la solution… « Notre histoire a été concoctée comme un mets dans une cocotte-minute : nous avons soigneusement choisi les ingrédients, allumé le feu, attendu patiemment et voilà, le dîner est servi », s’amuse Pieter Plass.
La révélation de ce canular devrait soulager les maisons de disques mais décevoir les amateurs de partage de fichiers, qui pouvaient voir en une telle solution un moyen de pratiquer leurs activités en toute légalité.