Si, en annonçant MPA (voir édition du 6 février 2001) sur Windows XP et Office XP notamment, Microsoft souhaitait présenter son nouveau système de protection logiciel, l’éditeur s’est en revanche bien gardé d’annoncer les objectifs visés à travers ce programme. En effet, MPA nécessite de nouvelles infrastructures serveurs (où seront stockées les références des produits) ainsi qu’un centre d’appels qui fonctionnera 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, avec une centaine d’employés pour l’Europe. Des investissements dont Microsoft, comme n’importe quelle entreprise, compte forcément tirer des bénéfices. « Ce ne sont pas des investissements énormes puisqu’on s’appuie notamment sur des infrastructures existantes », estime Olivier Ezratty, directeur de la communication chez Microsoft France. « Je n’en connais pas les montants exacts mais vous pensez bien que les responsables qui ont pris ces décisions et lancé ce programme ont dû calculer que ça ne coûterait pas plus cher à Microsoft. »
La France championne d’Europe du piratage
Que ça coûte ou non quelque chose, il est certain que l’entreprise en attend un retour. D’autant que, si Microsoft n’espère pas éradiquer le piratage, la firme compte bien le réduire considérablement. Selon Olivier Ezratty, la copie illicite des applications Windows sévit le plus au sein des PME/PMI en France et avoisine les 50 %. « Un taux supérieur de 5 à 10 points par rapport au reste des pays industrialisés du nord », rappelle le directeur de la communication. « Nous attendons donc, pour la France, une baisse de 5 à 10 points du taux de piratage de nos logiciels. » Un objectif plutôt modeste, mais en rapport avec le marché visé. « Le piratage touche essentiellement les produits vendus en boîte, soit moins de 20 % de notre chiffre d’affaires. » En revanche, le secteur des PME, public principalement visé par le programme MPA, connaît le taux de croissance le plus élevé dans l’univers informatique.
Un système qui aurait déjà fait ses preuves dans d’autres pays
MPA serait donc plus un pari sur l’avenir qu’une recherche de résultats immédiats. Même s’ils sont déjà là. Lancé depuis un an et demi dans certains pays pilotes (Chine, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil et Etats-Unis), le MPA aurait déjà fait ses preuves. « Dans les pays où le taux de piratage était très élevé [comme la Chine, Ndlr], l’impact du programme a été très fort, beaucoup moins dans les pays où le taux de copie illégale est le plus bas. »
Olivier Ezratty ne craint pas non plus que l’utilisateur installe sa version protégée sur plusieurs machines en même temps. « Pour 99 % des cas, nous n’avons pas constaté de surenchère d’installations dans les pays expérimentés. » D’ailleurs, il prévient : « De toute façon, au-delà de cinq installations répétées dans un trop court laps de temps, nous interviendrons en établissant un contact commercial. » Avant les poursuites ? Il réfute également l’idée que le MPA couperait Microsoft d’une population, comme les étudiants, qui en utilisant même illégalement ses logiciels sont autant de futurs clients potentiels. « Il faut arrêter de croire que les éditeurs ferment les yeux sur ce genre de pratiques », s’insurge le directeur de la communication, « simplement, il s’avère plus difficile de contrôler l’utilisateur individuel que l’entreprise. » D’où l’illusion d’un certain laisser-aller auquel le MPA pourrait bien mettre un terme.
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