Le 19 novembre 2013, Maxime Lombardini, directeur général d’Iliad-Free, a adressé à Jean-Yves Charlier et Olivier Roussat, P-DG respectifs de SFR et Bouygues Telecom, une lettre ouverte relative au projet de mutualisation des réseaux mobiles sur lequel travaillent les deux opérateurs.
L’Autorité de la concurrence et l’ARCEP – le gendarme des télécoms – ont reçu une copie de ce courrier dans lequel le groupe de Xavier Niel exprime son souhait de participer à ce partage d’infrastructure.
Le ton est donné : « Un accord entre deux des trois opérateurs mobiles historiques qui ne prévoirait pas l’accueil du quatrième opérateur nous semblerait être un facteur de déstabilisation majeur« , résume Maxime Lombardini.
Et d’ajouter qu’un tel accord « pourrait être juridiquement critiquable ».
N’excluant pas de saisir les autorités compétentes, le directeur général d’Iliad demande à recevoir « une proposition raisonnable d’accueil des fréquences de Free Mobile en ‘RAN sharing’ [partage des équipements actifs] » sur le réseau que Bouygues Telecom et SFR envisagent de mutualiser.
Si le premier n’a pas émis de commentaires, le second a déclaré n’opposer « aucune forme de refus » à ces démarches, non sans toutefois les juger « prématurées » au regard du retard accumulé sur les plans technique et juridique dans ce dossier de mutualisation initié au cours de l’été.
Signe que le marché cherche sa voie dans le sens de la consolidation, les négociations exclusives entre SFR et Bouygues Telecom – une première en France – visent à tirer un avantage compétitif par la mise en commun de ressources : économies d’échelle, couverture géographique étendue, meilleure qualité de service.
Ce type de coopération s’apparente aux dispositifs déjà mis en oeuvre par Orange et T-Mobile en Pologne ou encore Vodafone et Telefónica au Royaume-Uni, avec un partage des mâts, des appareils électroniques et de certains antennes.
En France, le projet est examiné par l’Autorité de la concurrence et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), qui veulent éviter des distorsions de marché dans les zones très denses.
Le gouvernement est favorable à de telles initiatives « particulièrement adaptées lorsque les niveaux de marge sont plus contraints, comme c’est le cas à l’heure actuelle« , selon Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif.
Pour l’heure, le rapprochement entre SFR et Free Mobile se fait sur la 4G.
Le nouvel entrant n’ayant pas obtenu de lot dans la bande de fréquences à 800 MHz lors de leur attribution fin 2011, il bénéficie d’un droit d’itinérance sur le réseau de ‘l’opérateur au carré rouge’.
Concernant cette ingérence dans l’alliance Bouygues Telecom – SFR, Maxime Lombardini assure solliciter « simplement une offre d’accueil sur une partie de la zone », couvrant en l’occurrence 40% de la population française, comme le notent Les Echos.
« Nous ne demandons ni installation d’équipements spécifiques, ni modifications de vos stratégies fréquentielles« , annonce le dirigeant dans sa missive.
Cette demande pourrait faire réagir Orange, qui accueille actuellement Free Mobile en itinérance sur son réseau 3G, et qui souhaiterait étendre cet accord à la 4G.
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