En plein débat autour de la confidentialité des données et des communications sur les terminaux mobiles, le Blackphone est l’une des attractions du Mobile World Congress 2014.
Développé par l’éditeur américain Silent Circle (fournisseur de solutions de sécurité) et le fabricant espagnol Geeksphone (spécialiste des technologies open source), ce smartphone ultra-sécurisé est basé sur une variante blindée d’Android. Commercialisé en ligne depuis ce 24 février pour 629 dollars (l’opérateur télécoms Royal KPN le distribue en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne à un prix conseillé de 459 euros), il est conçu pour garantir aux utilisateurs « un contrôle total de leur vie privée ».
Son système d’exploitation PrivatOS s’appuie sur un mécanisme de chiffrement de bout en bout. Silent Circle y implémente ses trois produits phares actuellement disponibles sur iOS et Android : Silent Phone pour chiffrer appels voix et vidéo sur Wi-Fi, EDGE, 3G et 4G ; Silent Text pour la messagerie et le transfert de fichiers ; Silent Contacts pour la gestion sécurisée du répertoire.
Certaines technologies ont probablement été élaborées sur le fondations de Silent Mail, ce service de messagerie électronique qui exploitait le réseau privé de Silent Circle… et que la société avait fermé en août 2013, de peur que le gouvernement américain sollicite un accès à sa base de données.
PrivatOS a également cette particularité de ne communiquer qu’un minimum de données aux opérateurs mobiles. Même les mises à jour du système seront diffusées directement par Geeksphone. L’entreprise espagnole s’était déjà distinguée voici près de cinq ans, en contribuant au lancement d’Android sur le marché européen. Elle s’est plus récemment affichée en ambassadrice de l’offre Firefox OS, avec les téléphones mobiles Keon et Peak.
Préchargé avec le service VPN de Disconnect et la solution de stockage en ligne sécurisé de SpiderOak, mais aussi divers outils de sauvegarde et de restauration à distance, le Blackphone a tout d’un produit haut de gamme : écran IPS de 4,7 pouces en Full HD, processeur quadricoeur à 2 GHz, 2 Go de RAM, 16 Go d’espace de stockage, connectivité LTE… Ses acheteurs bénéficieront de trois licences supplémentaires d’un an pour permettre à leurs proches de déployer la suite logicielle de Silent Circle sur leurs propres téléphones mobiles.
A l’origine du projet, on retrouve Phil Zimmermann, à qui l’on doit notamment le logiciel de (dé)chiffrement cryptographique Pretty Good Privacy (PGP), créé en 1991, initialement pour permettre aux activistes antinucléaire d’échapper aux écoutes électroniques. L’initiative n’est pas sans rappeler le sphone distribué par Bull via sa filiale Time Reversal Communications, avec un système d’exploitation propriétaire (RTOS) associé à Cryptosmart, solution de sécurité signée d’ERCOM.
Comme le note TechWeek Europe, l’un ou l’autre de ces smartphones assimilables à des coffres-forts numériques se destinent prioritairement aux entreprises et organisations où circulent des données à teneur hautement confidentielle. Mais les analystes restent sceptiques sur le potentiel d’une telle offre qui pourrait surtout séduire… les acteurs du crime organisé.
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Crédit photos : Silent Circle
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