Les implications du scandale PRISM – du nom de ce programme d’espionnage électronique mené à grande échelle par le renseignement américain – pèsent sur l’atmosphère du Mobile World Congress.
Miroir des inquiétudes qui règnent actuellement autour de la confidentialité des télécommunications, ce rendez-vous annuel, point de convergence pour les constructeurs, les éditeurs et les opérateurs, fait la part belle aux smartphones « ultra-sécurisés ». Dans le cadre d’une coentreprise baptisée Blackphone, l’Américain Silent Circle (fournisseur de solutions de sécurité) et l’Espagnol Geeksphone (fabricant spécialisé dans les technologies open source) ont ouvert la voie avec un produit basé sur une version blindée d’Android.
Lancée par Phil Zimmermann, à qui l’on doit notamment le logiciel de (dé)chiffrement cryptographique Pretty Good Privacy (PGP), cette initiative trouve un écho inattendu à travers une contribution émanant de… Boeing. Le constructeur aéronautique prend officiellement position sur ce marché naissant des smartphones ultra-sécurisés avec une offre dédiée, présentée sous la marque Black.
Par opposition au Blackphone, le produit n’est pas commercialisé auprès du grand public : Boeing traite uniquement en direct, avec les organismes gouvernementaux ainsi que les professionnels des secteurs de la défense et de la sécurité. Les acheteurs potentiels devront d’ailleurs se manifester en envoyant un mail à l’adresse black@boeing.com… et signer une clause de non-divulgation des caractéristiques techniques internes du terminal.
La FCC (« Federal Communications Commission », organisme régulateur des télécoms aux États-Unis) vient tout juste de certifier le téléphone, comme en témoigne une série de documents déposés le 24 février et validés deux jours plus tard. La fiche technique fait état d’un écran de 4,3 pouces (960 x 540 points), de deux coeurs ARM Cortex-A9 à 1,2 GHz, d’une batterie de 1590 mAh… et d’une incompatibilité avec les fréquences 4G exploitées en France : seules les bandes à 700, 1700 et 2100 MHz sont prises en charge.
Technologiquement moins bien doté que le Blackphone et sa puce quadricoeur épaulée par 2 Go de RAM, le Black, fabriqué intégralement aux États-Unis, ne se distingue pas tant par ses couches de protection matérielle et logicielle, qui impose un chiffrement de bout en bout. Il se distingue plutôt par sa capacité à détruire toutes les données qu’il contient en cas d’ouverture forcée de sa coque.
De même, toute tentative de remplacement d’une pièce qui susceptible de révéler des données confidentielles le rendra inutilisable. La coque est en fait scellée par une résine époxy additionnée de vis dont la tête est couverte pour permettre d’identifier tout désassemblage. Boeing ne précise pas, néanmoins, si ce contrôle peut également s’effectuer lorsque la batterie est vide.
La multinationale américaine met plutôt l’accent sur la disponibilité du dual-SIM et sur l’évolutivité du Black, qui peut être équipé d’un chargeur solaire, d’un module GPS, d’un lecteur d’empreintes digitales ou d’une batterie supplémentaire. La configuration de base inclut un port USB, une interface HDMI, ainsi que la connectivité Wi-Fi 802.11n et Bluetooth 2.1+EDR. Le tout sous Android.
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Crédit photos : Boeing
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